NETTALI.COM - Après l’assassinat de son fils Baba Abdoulaye Diop, survenu le 15 décembre 2025 en région parisienne, Aboubakry Diop, ancien sous-préfet du Sénégal, livre un témoignage bouleversant. Il dénonce la banalisation des discours de haine et interpelle la classe politique ainsi que l’État sur leur responsabilité face à la montée des violences nourries par les clivages identitaires et politiques.

Le meurtre de Baba Abdoulaye Diop, âgé de 25 ans, continue de susciter une vive émotion au Sénégal et au sein de la diaspora. Le jeune homme, connu sur les réseaux sociaux sous le pseudonyme de « Guélewar », a été mortellement poignardé au thorax le 15 décembre 2025 dans le Val-d’Oise, au nord-ouest de Paris. Malgré l’intervention rapide du Service mobile d’urgence et de réanimation (SMUR), il a succombé à ses blessures. Le présumé auteur des faits, identifié sous le nom de Baol, est activement recherché par les forces de l’ordre françaises.

Dans une déclaration empreinte de douleur et d’indignation, son père, Aboubakry Diop, ancien sous-préfet du Sénégal, attribue ce drame à un climat de discours politiques qu’il juge irresponsables. « Je viens de perdre mon unique fils par le fait d’un discours irresponsable d’un politicien cherchant à engranger des voix », déplore-t-il, dénonçant les effets dévastateurs de la stigmatisation et de la radicalisation verbale.

Aboubakry Diop réfute fermement toute tentative de justification du crime par l’origine supposée de son fils. « Mais supposons qu’il soit Guinéen. Cela signifie-t-il qu’il mérite la mort pour autant ? Qui choisit ses parents ou son pays de naissance ? », s’interroge-t-il, appelant au respect de la dignité humaine et au rejet de toute forme de xénophobie. Il rappelle que son fils était sénégalais, issu d’une famille ayant servi l’État, lui-même ancien administrateur territorial et sa mère infirmière d’État à la retraite.

Selon les premiers éléments de l’enquête rapportés par des sources concordantes, le drame ferait suite à un différend à caractère xénophobe et politique. Les faits auraient débuté lors d’un direct diffusé sur TikTok, au cours duquel des échanges virulents auraient opposé la victime et son agresseur présumé. Peu après l’interruption de la diffusion, Baba Abdoulaye Diop a été retrouvé grièvement blessé par arme blanche.

Très actif sur les réseaux sociaux, Baba Abdoulaye Diop utilisait la plateforme TikTok pour défendre ses convictions politiques, notamment les idées et le projet du leader de Pastef, Ousmane Sonko. Selon ses proches, l’altercation mortelle serait liée à des divergences politiques exacerbées par un climat de tension et de radicalisation des débats en ligne.

Dans son appel, l’ancien sous-préfet interpelle solennellement les autorités sénégalaises et la classe politique. « La responsabilité des politiciens est engagée. La liberté d’expression doit s’exercer dans un esprit de tolérance, de paix et de responsabilité », affirme-t-il, estimant que la mort de son fils est « une alerte sur l’état de désintégration de notre société ».

Il appelle enfin l’État sénégalais, auquel il dit avoir consacré sa vie, à assumer pleinement ses responsabilités afin de léguer aux générations futures « un Sénégal meilleur, où nos enfants ne vivront pas les fractures que leurs parents ont connues ».