NETTALI.COM - Le Sénégal vient d’opérer un basculement décisif dans sa trajectoire sécuritaire et industrielle. Comme l’a rappelé le Colonel Mamour Sarr, Chef de cabinet du Chef d’état-major particulier du Président de la République, le projet de création d’une industrie nationale de défense, lancé le 4 juillet 2024, constitue un virage historique.
Le chef de l’État a fixé un cap clair : bâtir rapidement une capacité locale capable de produire les équipements essentiels à la sécurité nationale. Depuis, les Forces armées ont enclenché une transformation profonde, portée par un arsenal de réformes : élaboration d’un projet de loi, futur décret créant l’Agence nationale de l’industrie de défense, signature d’accords stratégiques et mise en place d’une zone économique spéciale dédiée, déjà implantée à Touba.
Cette accélération répond à une réalité mondiale que les crises récentes n’ont cessé de rappeler. La pandémie de Covid-19, la guerre en Ukraine, la montée des tensions internationales et la persistance de la menace terroriste au Sahel ont mis en lumière la vulnérabilité des pays dépendant entièrement des importations militaires. Face à cette fragilité, le Sénégal veut renforcer son autonomie stratégique pour préserver sa liberté de décision, garantir la continuité de ses opérations et anticiper les ruptures logistiques.
Drones, munitions, armes individuelles, véhicules militaires, équipements tactiques : produire localement ces outils essentiels n’est plus un choix, mais une nécessité vitale dans un monde redevenu incertain et confronté au retour des conflits de haute intensité.
Au-delà de la dimension sécuritaire, le projet annonce une profonde mutation économique. La construction d’une industrie de défense nationale devrait restructurer plusieurs filières, créer des milliers d’emplois hautement qualifiés et stimuler une nouvelle dynamique industrielle fondée sur la recherche, l’innovation et les technologies avancées.
Ce modèle repose sur trois piliers :
- l’expertise locale, déjà présente dans les domaines de l’ingénierie, du numérique et des matériaux ;
- le secteur privé national, appelé à devenir un acteur central des chaînes de production ;
- le transfert de technologies, indispensable pour hisser le pays au niveau des standards internationaux.
Le Colonel Mamour Sarr résume l’ambition en une phrase : « Cette industrie de défense sera un instrument d’influence, de souveraineté et de transformation économique. »
Une déclaration qui reflète parfaitement la philosophie du projet : faire de la défense non seulement un bouclier, mais aussi un puissant levier de développement capable de repositionner le Sénégal dans l’échiquier géostratégique et économique africain.





