NETTALI.COM - Alors que le collectif “Niakhtou national” entendait tenir un rassemblement ce jour, au terrain de Sacré-Coeur 3, le préfet de Dakar a interdit la manifestation. Il a invoqué des risques de troubles à l’ordre public. Malgré cette décision, les initiateurs, soutenus par Talla Sylla, appellent à la mobilisation et promettent une action pacifique contre la vie chère, l’injustice et les atteintes aux libertés.

Le préfet de Dakar a opposé une fin de non-recevoir à la demande d’autorisation déposée par le collectif “Niakhtou national”. Dans une correspondance datée du 6 novembre, l’autorité administrative a motivé son refus par les risques de troubles à l’ordre public et de perturbations de la circulation autour du terrain de Sacré-Coeur 3, situé en face de la VDN. “Après examen approfondi du dossier et sur la base du rapport d’enquête établi par les services compétents, il ressort que la tenue de cette manifestation en ce lieu pourrait engendrer des troubles”, précise la lettre signée par le préfet.

Ensuite, réaffirmant son souci de garantir l’exercice des libertés fondamentales, le préfet a proposé une délocalisation du rassemblement vers un autre site. Mais le collectif a décliné cette option, préférant maintenir la manifestation à l’endroit initialement prévu. Dès lors, “il n’est malheureusement pas possible de donner une suite favorable à votre requête”, conclut la lettre.

Le ton se veut ferme, mais non fermé : l’autorité administrative affirme rester ouverte à une “discussion constructive” pour convenir d’un autre lieu, conciliant ainsi liberté de manifester et préservation de l’ordre public.

“L’heure du Ñatamal a sonné”

Face à cette interdiction, Talla Sylla, secrétaire général du parti Jëf Jël, a appelé à la mobilisation générale. Pour lui, le “Niakhtou national” est l’expression d’un ras-le-bol populaire contre “la cherté de la vie, l’injustice et les atteintes aux libertés”. “L’heure du Ñatamal a sonné”, a-t-il déclaré. L’ancien maire de Thiès présente cette initiative comme une réponse à la “plainte d’un peuple que le pouvoir refuse d’entendre”.

Dans un langage imagé, il illustre cette colère : “Quand une mère de famille ne peut plus payer son Woyofal, c’est un Niakhtou. Quand un chauffeur de taxi est écrasé par une taxe de 1 %, c’est un Niakhtou. Quand des jeunes sont en prison pour leurs opinions, c’est un Niakhtou.” Le concept de “Ñatamal”, cher à Talla Sylla, désigne une pression citoyenne continue, “un pressing permanent, sans répit”. L’objectif affiché est clair : “Nous allons maintenir la mobilisation jusqu’à obtenir des changements concrets”, dit-il. “Nous allons faire le Ñatamal sur la cherté de la vie jusqu’à ce que les prix baissent, sur l’injustice jusqu’à la libération du dernier détenu politique, sur les reculs démocratiques jusqu’à la restauration de nos libertés”, martèle-t-il.

Pour le leader de Jëf Jël, la marche du 31 octobre n’était “qu’un début”. Le rassemblement du 8 novembre doit marquer “la confirmation” de la détermination du mouvement. “C’est un combat d’endurance, et nous sommes endurants”, insiste-t-il, avant d’inviter les citoyens à se joindre à la mobilisation : “Ne restez pas chez vous, ne dites pas “on verra”. L’heure est grave. Venez faire le Ñatamal avec nous.

Le collectif campe sur sa position

En réaction à la décision du préfet, le collectif “Niakhtou national” a confirmé, dans un communiqué, son intention de maintenir la manifestation au lieu, à la date et à l’heure initialement fixés. “Le peuple souverain ne reculera pas. Le Niakhtou national aura bien lieu au terrain Sacré-Coeur 3”, indique-t-on.

Le collectif précise que le rassemblement se veut entièrement pacifique et conforme à la Constitution ainsi qu’aux lois encadrant la liberté de réunion et de manifestation publique. Selon ses responsables, le terrain de Sacré- Coeur 3 est un espace ouvert qui a déjà accueilli plusieurs manifestations sans incidents. Dès lors, ils estiment que la tentative de délocalisation relève d’une “provocation injustifiée” et d’une “entrave au droit fondamental d’expression démocratique”.

Tout en réaffirmant leur attachement à la paix et à la stabilité du pays, les initiateurs du mouvement appellent à une “résistance citoyenne pacifique”. Leur objectif est de défendre les droits et la dignité du peuple sénégalais dans le respect des lois de la République.

Le collectif en appelle à la responsabilité des autorités pour garantir la neutralité républicaine et “accompagner plutôt qu’entraver” la mobilisation. Cette posture témoigne d’une volonté de concilier contestation et respect du cadre institutionnel, dans un contexte national marqué par des tensions sociales et politiques récurrentes.