NETTALI.COM - L’ Association des éditeurs et professionnels de la presse en ligne (Appel) monte au créneau. Dans un communiqué reçu hier à "Nettali.com", l’organisation se dit “consternée” par la décision du ministère de la Communication, des Télécommunications et du Numérique (MCTN) de relancer la plateforme de Déclaration des médias et supports (DMS) dans le cadre de la répartition du Fonds d’appui et de développement de la presse (FADP). Cette plateforme, jugée “défaillante”, avait déjà suscité de vives critiques lors du processus de conformité des médias.

Selon l’Appel, plusieurs membres de l’association – informaticiens et journalistes – ayant procédé à des tests, ont relevé de “nombreux bugs et insuffisances notables”. Des dysfonctionnements dans la base de données auraient entraîné la perte de documents essentiels à la conformité de plusieurs entreprises de presse, causant leur élimination “injuste”.

Ces anomalies avaient déjà été signalées et dénoncées en février dernier, sans qu’aucune solution durable ne soit apportée”, rappelle l’association dans sa note. L’organisation déplore que le ministère ait choisi de réutiliser un outil dont la fiabilité est contestée. “Il est incompréhensible que le sort des entreprises de presse dépende à nouveau d’une plateforme reconnue comme défaillante”, souligne le communiqué, rappelant que la Direction de la Communication avait d’abord admis des “erreurs” avant de se rétracter.

L’Appel se joint par ailleurs à la position du Conseil des Diffuseurs et Éditeurs de Presse du Sénégal (CDEPS), qui avait déjà dénoncé plusieurs entorses au décret n°2021-178 régissant le FADP.

L’association s’insurge également contre ce qu’elle considère comme un “détournement de pouvoir” du ministre de la Communication. Citant les propos du Directeur de la Communication sur le plateau de la RTS, l’Appel estime que la procédure actuelle vise à rendre éligibles des entités publiques comme la RTS ou la Maison de la Presse, en violation des articles 9 et 10 du décret fixant les bénéficiaires du Fonds.

Autre grief : la non-convocation du Conseil de gestion du FADP, pourtant prévu aux articles 4 et 5 du texte, ce qui constituerait, selon l’association, une “violation flagrante” de la réglementation.

Enfin, l’Appel dénonce des “violations de la loi sur la protection des données personnelles” imputables au ministère, accusé de ne pas respecter les mêmes obligations légales qu’il impose aux médias.

En conséquence, l’association annonce son intention de saisir la Commission de Protection des Données Personnelles (CDP) afin d’exiger le respect du cadre réglementaire. L’Appel invite le ministère à “suspendre immédiatement” la procédure de répartition du Fonds, à “revoir les fondements légaux de sa démarche” et à garantir “une transparence totale” dans le traitement des dossiers.