CONTRIBUTION - L’agence de notation Moody’s vient de dégrader la note souveraine du Sénégal de B3 à Caa1, ce 10 octobre. Cela intervient après la baisse intervenue en juillet avec Standard&Poor's (S&P) qui faisait passer la note à B- (équivalent de B3 sur l’échelle de Moody's).
✍️ FMI et agences de notation : une chaîne de valeur.....financière
La notion de chaîne de valeur renvoie, pour une entreprise ou un pays, à la maitrise et au contrôle de toutes les étapes allant de la conception d’un produit à sa livraison, voire au service après-vente. En général l’entreprise gère les activités principales et les activités de soutien. Les missions du FMI sont ponctuées de recommandations à mettre en œuvre en vue d’éventuels accords à signer ; on peut dire que c'est l’activité principale.
Il y a une forte corrélation entre les injonctions du FMI et les critères utilisés par les agences de notation.
En cas de baisse de la note souveraine, les conditions d’accès au financement deviennent plus contraignantes sur les marchés financiers et le pays entre dans un cercle vicieux puisque son service de la dette explose, l’obligeant à s’endetter encore pour payer des dettes (jeu de Ponzi ou "suul bukki sulli bukki" en langue wolof).
Finalement chaque pays prend au sérieux ce que dit le FMI, en raison de la grosse machine qui est autour. C’est une chaîne de valeur prête à dévaloriser (voire dévorer) tous ceux qui n’accordent pas de valeur à ses recommandations.
✍️ Le Sénégal au 5e étage sur 21: il faut prendre l’ascenseur
Sur les 21 étages de l’échelle de Moody's, le Sénégal est dégradé au 5e. Le pire c’est que cette baisse de la note souveraine intervient au lendemain du Forum invest in Senegal qui visait à rassurer les investisseurs. Si ce n’est pas un coup sous la ceinture, ça y ressemble. En plus le Sénégal change complètement de catégorie car il quitte les "B" (hautement spéculatif) pour rejoindre les "C" (très risqué).
Les conséquences peuvent être lourdes pour notre économie. Il faudra parallèlement entreprendre les réformes discutées avec le FMI créer une union sacrée entre l’Etat, le secteur privé et certains pays qui ne prennent pas les notations au sérieux (il faut les identifier) afin de mobiliser des ressources sans être vu comme un pays très risqué. On ne peut plus prendre les escaliers mais l’ascenseur.
De la même manière qu’il y a des politiques monétaires non conventionnelles, il faut envisager des mesures et actions non conventionnelles pour sortir le Sénégal de cette zone dangereuse dans laquelle Moody’s le classe.
La contestation du ministère des finances et du budget sonne comme une réclamation qu’on peut faire après la publication des résultats à l’examen ; reste à savoir si le "jury" va traiter cette réclamation pour éviter au Sénégal le redoublement en lui permettant le passage conditionnel (comme un enjambiste, dans le jargon du système LMD).
Pr Abou KANE FASEG/UCAD