NETTALICOM - .Le plan de redressement économique présenté par le Premier ministre Ousmane Sonko prévoit une taxe sur le mobile money et les paiements marchands, soulevant des inquiétudes sur son impact social et économique. Alors que le mobile money est devenu un pilier de l’inclusion financière au Sénégal, cette mesure pourrait freiner son adoption et renforcer l’économie informelle.

Le 1er août 2025, le Premier ministre Ousmane Sonko a dévoilé un ambitieux plan de redressement économique et social (2025-2028) visant à mobiliser 220 milliards de FCFA en trois ans, pour faire face à un déficit budgétaire de 12,3 % et une dette publique atteignant 99,67 % du PIB, selon la Cour des comptes. Parmi les mesures phares figure une fiscalité ciblant les secteurs du numérique, en particulier les sites de paris sportifs et les opérateurs de mobile money tels que Wave et Orange Money.

Au Sénégal, le mobile money dépasse largement le simple rôle d’outil de paiement. Avec 15 300 milliards de FCFA de transactions en 2025, il contribue à l’inclusion financière dans un pays où seulement 26 % de la population dispose d’un compte bancaire. Plus de 90 % des Sénégalais de plus de 15 ans utilisent désormais des portefeuilles électroniques, permettant économies, facilitation des petites entreprises et renforcement des solidarités communautaires.

La taxe prévue, 0,5 % sur toutes les transactions et 1,5 % sur les paiements marchands, suscite des inquiétudes. Experts et syndicats redoutent une hausse des coûts, un retour à l’usage de l’argent liquide et un frein à l’inclusion financière. Les ménages à faibles revenus, les femmes, les étudiants et les petits commerçants seraient les plus impactés.

D’autres pays africains ont expérimenté des taxes similaires avec des résultats mitigés. En Ouganda, la taxe sur les transactions de mobile money de 2018 a entraîné une chute des volumes avant un redressement progressif. Au Cameroun, une taxe de 0,2 % sur les transferts et retraits a suscité le mécontentement des agents et des clients. Au Kenya et en Tanzanie, l’impact a été limité sur les volumes mais disproportionné pour les utilisateurs à faibles revenus.

Les experts appellent à une concertation nationale pour éviter les effets pervers observés ailleurs. Une fiscalité mal calibrée pourrait freiner l’innovation et l’inclusion financière tout en compromettant la collecte fiscale à long terme. Le défi pour les autorités est de trouver un équilibre entre mobilisation de ressources et préservation d’un outil devenu indispensable aux Sénégalais.