NETTALI.COM - Ce qui devait être une grande fête du football s’est transformé en source de frustration pour de nombreux journalistes sénégalais. À l’occasion du match Sénégal vs Soudan, une vive polémique a éclaté autour de la gestion des accréditations et de l’accès à la zone mixte. Plusieurs reporters se sont vu interdire l’entrée à ces espaces cruciaux, malgré des badges en règle. Une situation que la presse juge injuste et discriminatoire.

Les journalistes sportifs n'ont pas leur colère ce vendredi au stade Abdoulaye Wade de Diamniadio. A la fin du match Sénégal vs Soudan (2-0), plusieurs d'entre eux ont vivement dénoncé des pratiques jugées arbitraires et opaques.

Des journalistes accrédités refoulés sans explication

De nombreux journalistes, pourtant détenteurs de badges valides, ont été empêchés d’accéder à la zone mixte après le match. Parmi eux, Fatou Bintou, journaliste à la RTS, disposait d’un badge "All Access", censé donner accès à tous les espaces médias. Malgré cela, elle s’est vu refuser l’entrée sans la moindre justification.

Ces professionnels dénoncent une organisation défaillante, sans communication claire ni critères transparents concernant les autorisations d’accès aux différentes zones.

Accréditations sélectives : des professionnels écartés, des influenceurs privilégiés

Toujours selon nos sources, certains journalistes de renom, comme Abdoulaye Thiam, président de l’Association nationale de la presse sportive (ANPS) et figure importante de l’AIPS Afrique, n’ont même pas obtenu d’accréditation. Une décision qualifiée de scandaleuse dans les milieux professionnels.

Pendant ce temps, des influenceurs ou profils non identifiés, visiblement étrangers au milieu journalistique traditionnel, ont pu obtenir des badges numériques ou physiques leur permettant un accès total aux zones sensibles. Ce traitement différencié a alimenté les soupçons de copinage et de favoritisme.

Une gestion jugée discriminatoire

Le filtrage à l’entrée des zones presse a été vécu comme une humiliation. L’article de Seneweb rapporte que Fama Ngom, responsable de l’accueil presse ce jour-là, demandait à chaque journaliste : "Fo bok ?" (Tu es avec qui ?), comme pour vérifier leur appartenance à un groupe considéré comme "autorisé". Une pratique vécue comme une tentative d’exclusion basée sur des affinités personnelles.

En réalité, Fama Ngom aurait agi sur instruction de Françoise Seck, une responsable de la RTS, afin de limiter l’accès à certains journalistes, notamment ceux jugés critiques.

Un symptôme du recul de la liberté de la presse au Sénégal

Cet épisode survient dans un contexte préoccupant pour la presse sénégalaise. Depuis 2021, le pays est passé de la 49e à la 94e place au classement mondial de la liberté de la presse établi par Reporters sans frontières (RSF), en raison d’arrestations de journalistes, de suspensions de médias et d’intimidations diverses.

L’affaire de Thiès en est une nouvelle illustration, mettant en lumière une gestion peu professionnelle et politisée des accréditations dans les événements officiels.

Silence radio des autorités

Ni la Fédération sénégalaise de football (FSF) ni le ministère de la Communication n’ont, pour l’heure, réagi à la polémique. Les journalistes, eux, appellent à une refonte des procédures d’accréditation, plus justes, transparentes et respectueuses du travail des professionnels.