NETTALI.COM - Invité de l’émission Grand Jury ce dimanche 31 août 2025, Pape Amadou Sarr, ancien délégué général de la DER/FJ et actuel directeur exécutif à l’Agence française de développement (AFD), s’est prononcé sur les nouvelles mesures fiscales envisagées par le Sénégal dans le cadre de son plan de redressement économique, alors que le pays négocie un nouveau programme avec le Fonds monétaire international (FMI).

L’État prévoit d’augmenter la fiscalité sur des secteurs comme les jeux de hasard, le tabac, les transferts électroniques et le foncier afin de mobiliser rapidement des ressources.
Si ces mesures pourraient donner des résultats immédiats, Pape Amadou Sarr alerte sur leur faible soutenabilité à long terme.

« On ne peut pas presser le citron indéfiniment. Ces taxes permettront de lever des fonds rapidement, mais elles risquent de décourager la formalisation », a-t-il averti.

Selon lui, une fiscalité trop lourde, même légitime, pourrait générer des effets pervers : augmentation de la fraude, expansion du secteur informel, délocalisation ou expatriation vers des pays à fiscalité plus clémente. « Une pression excessive trop rapide risque d’encourager des comportements d’évitement », a-t-il expliqué.

L’ancien patron de la DER/FJ plaide pour un élargissement graduel de l’assiette fiscale et une intégration progressive du secteur informel sur une période de cinq à six ans.
Il estime par ailleurs que l’objectif gouvernemental de ramener le déficit budgétaire de 13 % à 3 % d’ici 2027 est trop ambitieux et contraignant.

Pape Amadou Sarr appelle ainsi à une stratégie fiscale plus mesurée et pragmatique, conciliant impératifs de redressement budgétaire et nécessité de préserver l’attractivité économique du Sénégal.