NETTALI.COM - Le verdict est tombé : le journaliste Doudou Coulibaly a été condamné à trois mois de prison avec sursis et à une amende de 300 000 FCFA. Une peine qui lui évite l’incarcération. Après l’audience, il a pu regagner son domicile, mais l’affaire soulève de nouvelles interrogations sur la place de la liberté de la presse et l’usage du droit pénal dans le traitement des contentieux médiatiques.
Cette condamnation, bien que légère dans sa traduction pratique — puisqu’il ne fera pas de prison ferme —, est loin d’être anodine. Elle envoie un double message : d’un côté, la justice marque une limite aux excès supposés du journalisme, de l’autre, elle renforce l’impression d’une criminalisation persistante des délits de presse.
Depuis plusieurs années, les organisations professionnelles et les défenseurs des droits humains plaident pour la dépénalisation totale des délits de presse. Leur argument est simple : les journalistes doivent répondre de leurs écrits devant les juridictions civiles, via des amendes proportionnées ou des réparations, mais pas devant le juge pénal.
Or, des décisions comme celle rendue contre Doudou Coulibaly montrent que le vieux réflexe de la sanction pénale reste vivace.
Au Sénégal, les relations entre le pouvoir, la justice et les médias sont traversées par de fortes tensions. Chaque condamnation d’un journaliste est interprétée par une partie de l’opinion comme un signal politique, surtout dans un contexte où la parole critique et les réseaux sociaux jouent un rôle croissant. La peine avec sursis permet d’éviter un bras de fer frontal avec la corporation journalistique, mais elle crée une épée de Damoclès : à la moindre récidive, la sanction pourrait devenir plus lourde.