NETTALI.COM  – La coordonnatrice du Cadre intersyndical sectoriel de l’économie informelle (CISEI), Mariama Mbodji Diallo, a lancé jeudi un appel fort en faveur d’une réforme “ambitieuse et inclusive” du Code du travail sénégalais, afin de mieux intégrer les spécificités du secteur informel, qui concentre près de 90 % des emplois du pays.

“Le Code du travail actuel, conçu pour le secteur formel, ne répond pas à la réalité de l’économie informelle. Des millions de personnes en sont exclues, ce qui les empêche d’accéder à leurs droits fondamentaux et freine leur intégration dans le tissu socioéconomique national”, a déclaré Mme Diallo lors d’une conférence de presse organisée à Kaolack, en marge d’une rencontre sur le thème : Réforme du Code du travail : intégrer les travailleuses et travailleurs de l’économie informelle.

Elle a rappelé que l’informel contribue à “plus de 40 %” du produit intérieur brut (PIB) et constitue une source de revenus essentielle pour les jeunes, les femmes et les familles, mais reste “largement absent du cadre juridique national”.

Selon la coordonnatrice du CISEI, plus de 80 % des travailleurs du secteur ne bénéficient d’aucune couverture sociale, évoluant sans contrat ni protection, exposés à une forte précarité. Elle plaide donc pour un Code du travail réformé, garantissant :

  • une protection sociale adaptée, avec des cotisations proportionnées aux capacités des travailleurs et unités de production ;

  • des conditions de travail décentes incluant sécurité, encadrement des horaires et rémunération juste ;

  • la promotion de l’égalité de genre, afin de réduire les inégalités touchant particulièrement les femmes.

Mme Diallo a aussi appelé l’État à accompagner la formalisation progressive du secteur informel par des procédures administratives et fiscales simplifiées, la création de zones économiques dédiées, ainsi qu’un cadre de dialogue social permanent avec les acteurs.

Ces réformes, a-t-elle précisé, s’inscrivent dans la “Vision Sénégal 2050”, la Stratégie nationale de protection sociale, les Objectifs de développement durable (ODD) et les recommandations de l’Organisation internationale du travail (OIT).

Toutefois, plusieurs défis restent à relever, dont l’accès au financement pour les micro-entrepreneurs, la sensibilisation et la formation des travailleurs sur leurs droits et les démarches de formalisation.