NETTALI.COM - Au Tchad, la Chambre criminelle a donné ce samedi son verdict dans l'affaire dite du massacre de Mandakao. Succès Masra et plusieurs de ses co-accusés sont condamnés à 20 ans de prison ferme. L'opposant devra aussi payer une amende d'un milliard de francs Cfa.
20 ans de prison ferme, amende d'un milliard de francs Cfa. Tel est le verdict prononcé ce samedi par la Chambre criminelle du Tchad contre l'ancien Premier ministre Succès Masra et plusieurs de ses co-accusés. Ils étaient jugés dans le cadre du procès des événements tragiques de Mandakao survenus le 14 mai 2025. Ces affrontements entre groupes ethniques avaient coûté la vie à 44 personnes. Les autorités tchadiennes accusent Masra d'en être l'instigateur. Ce que l'opposant a toujours nié. Des dénégations qui n'ont pas empêché son arrestation le 16 mai dernier par la Justice tchadienne.
Le procès ouvert mercredi dernier a toujours été qualifié de mascarade politicienne par les avocats de la défense. Un avis que ne partagent pas le procureur et les avocats de la parie civile. S'appuyant sur un enregistrement audio du chef des "Transformateurs", le parquet a maintenu son accusation contre Succès Masra durant toute la durée du procès qui a pris fin ce samedi. Le procureur avait, d'ailleurs, requis 25 ans de prison ferme et 5 milliards d'amende contre l'opposant financement reconnu coupable. Dans son verdict prononcé ce samedi à 17 heures (heure locale), la Chambre criminelle a condamné Succès Masra à 20 ans de prison. Même peine pour plusieurs de ses co-accusés. Ils devront aussi payer solidairement une amende d'un milliard de francs Cfa.
"Je pardonne d’avance à ceux qui m’ont maintenu en prison. Quoi qu’il arrive, je demande à mes soutiens de rester dignes et calmes. S’il fallait rester en prison pendant cent ans pour résoudre le problème du Tchad, je serais le premier à m’y engager. Je suis rentré au pays pour être une solution, dans la paix, la justice et l’égalité. Monsieur le Président, l’histoire retiendra ce qui se passe aujourd’hui devant votre chambre criminelle", avait déclaré l'opposant lors de sa dernière prise de parole avant le verdict.
Opposant très populaire au Tchad, Succès Masra avait mené une résistance farouche contre la transition conduite par Mahamat Idriss après le décès de son père Idriss Deby. Les violences connues par le Tchad durant cette période avaient fait des dizaines de morts. Seulement, contre toute attente, Masra acceptera de négocier avec le jeune Deby avant d'en devenir le Premier ministre entre janvier et mai 2024.