NETTALI.COM - L’arrestation de Badara Gadiaga, chroniqueur engagé et figure bien connue du paysage médiatique sénégalais, continue de susciter de vives réactions dans les milieux politiques et au sein de l’opinion. Mais un développement inattendu vient donner une tournure plus stratégique à l’affaire : Karim Wade, fils de l’ancien président Abdoulaye Wade, aurait activé son réseau pour apporter un soutien juridique et politique au journaliste incarcéré.
Selon les révélations du journal L’AS, Karim Wade aurait missionné l’avocat Me Seydou Diagne pour assurer la défense de Gadiaga, actuellement détenu à la prison de Rebeuss. Des émissaires auraient également été dépêchés sur place, preuve d’un engagement direct et concerté dans le dossier.
Un geste humanitaire ou un calcul politique ?
Si le geste peut à première vue être interprété comme un élan de solidarité, les observateurs avertis y lisent un coup politique soigneusement calculé. En effet, les liens entre Badara Gadiaga et le Parti démocratique sénégalais (PDS) ne sont pas nouveaux. Les deux hommes partagent une même origine géographique à Kébémer, et le père du chroniqueur, feu Bathie Gadiaga, fut un militant historique du PDS dans la région du Cayor.
Pour Karim Wade, en pleine reconstruction politique après des années d’éloignement forcé, ce rapprochement pourrait s’inscrire dans une stratégie de reconquête d’une base électorale et de renforcement de ses alliances. Le soutien à Gadiaga, personnalité influente auprès d’une partie de la jeunesse et des cercles médiatiques, pourrait devenir un levier pour repositionner le PDS dans le débat public.
Le PDS s’engage officiellement
Autre signal fort : le PDS a officiellement pris position sur l’affaire. Dans un communiqué diffusé le 29 juillet, le parti a dénoncé ce qu’il qualifie de « dérive autoritaire » et d’atteinte grave à la liberté d’expression. Il a exprimé son soutien total à Badara Gadiaga, appelant à un procès équitable et transparent, tout en annonçant sa mobilisation politique et juridique pour obtenir sa libération.
Chroniqueur réputé de l’émission Jakaarlo sur la TFM, Badara Gadiaga s’est imposé au fil des ans comme une voix dissidente incisive, n’hésitant pas à critiquer frontalement les gouvernements successifs. Son arrestation a été perçue par de nombreux observateurs comme une tentative d’intimidation à l’égard des journalistes et intellectuels critiques du pouvoir..