NETTALI.COM - Dans une tribune au ton ferme, Me Ciré Clédor Ly, avocat et figure engagée de la scène judiciaire sénégalaise, revient sur le tournant historique amorcé le 24 mars 2024, qu’il qualifie non pas de troisième alternance, mais de véritable révolution. Un soulèvement populaire né de la colère, du sacrifice et de l’espérance d’un peuple longtemps opprimé, aspirant à la souveraineté, à la justice sociale, et à la rupture avec un système marqué, selon lui, par la soumission à des intérêts impérialistes et l’instrumentalisation de l’appareil judiciaire.

Mais cette révolution, avertit-il, est en péril. En cause : le maintien dans l’administration, les forces de sécurité, le renseignement et la justice, d’acteurs du régime déchu, ceux-là mêmes qui, par leurs agissements passés, avaient œuvré à écraser le mouvement populaire. En leur confiant encore des postes de pouvoir, le Sénégal, estime Me Ciré Clédor Ly, a trahi les premiers pas de sa révolution. Une jeunesse compétente, longtemps en première ligne, se retrouve marginalisée, menacée par le désenchantement et l’oubli.

La lutte contre l’enrichissement illicite et l’impunité demeure, selon lui, un autre front laissé en jachère. Alors que les victimes attendent toujours justice, les bourreaux potentiels, eux, circulent librement. Le risque est grand que des procédures bâclées ou fragiles ouvrent la voie à des non-lieux, des relaxes ou des retours triomphants de ceux qu’il nomme « les vampires de l’économie ».

Il s’inquiète également de la place accordée à certaines organisations se réclamant de la société civile, mais qui, sous couvert de nobles causes, servent des intérêts occultes. À travers une guerre d’influence et une instrumentalisation des libertés, elles contribuent à brouiller les repères et à miner la stabilité nationale.

Face à ces menaces internes, Me Ciré Clédor Ly appelle à une transformation structurelle sans compromis, à un assainissement profond de l’État et de ses institutions. Il prône l’activation rigoureuse des services de renseignement, la neutralisation des lobbys infiltrés et une vigilance accrue.

Dans ce contexte, le tandem Sonko-Diomaye représente, selon lui, bien plus qu’un choix politique : une nécessité historique, née du sang et des larmes d’un peuple en lutte. Le destin du Sénégal, conclut-il, repose désormais sur l’unité, la rigueur et la fidélité aux idéaux qui ont porté le changement. Car une révolution ne peut aboutir sans effacement total de l’ancien ordre.