NETTALI.COM - Alors que la Turquie renforce depuis plusieurs mois sa politique migratoire, les Sénégalais établis dans ce pays dénoncent un quotidien devenu étouffant. Expulsions, contrôles musclés, humiliations : la communauté vit sous la menace permanente, et rappelle au président Bassirou Diomaye Faye sa promesse faite en novembre dernier.
« Nous vivons dans la peur », résume Alioune Moustapha Diop, installé à Istanbul. « Chaque jour, nous craignons d’être arrêtés, humiliés, expulsés. Cette situation est insoutenable. » Comme lui, plusieurs Sénégalais témoignent d’un harcèlement quotidien des services de l’immigration turcs, dans un contexte de durcissement radical depuis deux ans.
Daouda Sow, commerçant sénégalais à Istanbul, déplore l’inaction de Dakar malgré les engagements pris par le président Faye lors de sa visite officielle en Turquie du 31 octobre au 2 novembre 2024. « Le président nous avait annoncé la venue d’une commission mixte pour poursuivre les discussions avec les autorités turques. Elle devait arriver en décembre… depuis, silence radio. »
Des familles disloquées, des situations humaines critiques
La présidente des femmes sénégalaises de Turquie, Fatou Fall, installée depuis 2009, confirme le tournant brutal opéré par Ankara. « On nous a ôté notre liberté. Je suis ici depuis 16 ans, dont 10 passés sans papiers. Avant, on pouvait travailler et circuler. Depuis deux ans, tout s’est effondré. Nous sommes confinés, acculés, traqués. Les Turcs estiment que nous leur volons leurs emplois. »
Elle raconte qu’une Sénégalaise a été arrêtée avec ses jumeaux de moins de trois ans, alors que son mari était en déplacement au Sénégal. « Même avec un titre de séjour valide, on n’est plus en sécurité. Les expulsions se multiplient, y compris pour ceux établis ici depuis dix ou vingt ans. »
Une demande : la dignité, pas des privilèges
Face à cette situation critique, la communauté sénégalaise de Turquie demande l’intervention urgente des autorités sénégalaises. « Nous ne réclamons pas des privilèges. Nous voulons simplement vivre dans des conditions respectueuses de notre dignité humaine », plaide Alioune Moustapha Diop. La priorité : la régularisation et la protection contre les expulsions arbitraires.
Alors que la diaspora sénégalaise joue un rôle vital dans l’économie nationale à travers ses transferts financiers, ces voix appellent le gouvernement à honorer ses engagements et à défendre ses ressortissants, avant qu’il ne soit trop tard.