NETTALI.COM - Des menaces, des mises en garde et certaines approximations dans les déclarations. C'est ce qui ressort de la sortie hier du Premier ministre Ousmane Sonko.
“Dieu sait bien pourquoi Il ne m'a pas donné le pouvoir. Si ça ne dépendait que de moi, il y aurait moins de bruit dans ce pays (rires). Parce que ceux qui devaient raser les murs, c'est eux qui s'agitent......” Ces propos tenus, il y a quelques jours, par le Premier ministre, ont soulevé pas mal de polémiques et de commentaires.
Comme pour se justifier, Ousmane Sonko est encore sorti le mardi 1er juillet et a enfoncé le clou. Il déclare : “Nous tenons à rappeler que ce pays est un pays démocratique qui garantit la liberté d'expression. Mais liberté d'expression ne signifie pas qu'on peut dire ce qu'on veut. Nous n'avons jamais cautionné les insultes et nous ne le ferons jamais. En tant que détenteurs du pouvoir public, nous allons veiller au respect strict de la loi qui encadre la parole publique. Que vous soyez partisans -Pastef ou opposition- société civile, journaliste ; nous n'allons plus accepter certains propos....”
Le chef du gouvernement ne s'en est pas arrêté là. Il demande à ceux qui soutiennent les opposants au pouvoir de les imiter, s'ils sont courageux. “Quand on a arrêté Bassirou Diomaye Faye pour des propos tenus envers des magistrats, pour le soutenir, j'ai repris ce qu'il a dit. Ceux-là qui soutiennent des opposants n'ont qu'à faire pareil, s'ils sont courageux. Sinon c'est comme s'ils voulaient sacrifier les personnes concernées.”
Comme pour donner des gages de sa bonne foi, il est revenu sur l'arrestation de certains militants de son parti. “Ce que je dis c'est valable pour tout le monde, y compris ma famille politique. Il faut demander au ministre de la Justice, c'est moimême qui lui ai envoyé les vidéos pour lui dire que la Justice doit faire son travail. Même si après, je peux leur témoigner notre solidarité....”, décrète-t-il réitérant la tolérance zéro.
Dans le même sillage, le président de Pastef a rappelé sa volonté de fermer la bouche à tous les Sénégalais, qui osent douter des chiffres sur les finances publiques et de la pertinence de la démarche de l'Etat. “Pour une affaire aussi grave, des gens osent se mettre là pour contester les faits. Si on m'avait suivi, cela allait cesser depuis longtemps. Quiconque conteste ces chiffres doit être convoqué pour s'expliquer. Ils ne pourront jamais prouver le contraire et se permettent de dire n'importe quoi....”, fustige le Premier ministre. Qui est encore revenu sur la situation dans laquelle ils ont trouvé le pays.
À l'en croire, c'est à cause de cette situation que plusieurs chantiers sont à l'arrêt. Il en serait ainsi, selon lui, de l'autoroute Mbour-Kaolack et d'autres projets de forages financés par les Chinois. Si l'on se fie aux déclarations, c'est que les Chinois avaient suspendu les travaux, parce que le Sénégal leur avait promis “que la dette ne dépasserait pas les 70%”, alors qu'aujourd'hui on a dépassé les 100%. Il ajoute pour enfoncer le régime du Président Sall : “Quand le président Wade prenait les rênes de ce pays, la dette ne dépassait pas 50% (du PIB) ; le déficit ne dépassait pas les 4% ; quand Macky Sall prenait le pouvoir, si je ne me trompe, la dette était de 34% ; le déficit très faible, moins de 5%... Eux nous ont laissé un pays avec une dette qui dépasse les 110%. Le déficit a dépassé les 14% quand on faisait les évaluations, il y a quelques jours....”
Il convient à ce stade de rappeler que dans le rapport de la Cour des comptes, le taux d'endettement était évalué à près de 99% sous la gouvernance de Sall. Quant au déficit, il était fixé à 11,6%. Si l'on en croit le PM, les écarts se sont donc creusés, même s'il n'a pas précisé la part de son régime dans cette dégradation continue des indicateurs.
Malgré les difficultés, souligne-t-il, son gouvernement continue de gérer le pays dans les règles de l'art. Toutefois, promet-il, le Plan de redressement sera présenté prochainement. Comme à son habitude, il a chargé les tenants de l'ancien régime. “Ces gens vont rendre compte de leur gestion. Nous sommes obligés de le faire, parce que si on ne le fait pas, c'est comme si les faits n'existaient pas. Nous allons être intransigeants, parce que ces gens ont hypothéqué l'avenir de ce pays”, menace-t-il.
EnQuête