NETTALI.COM - En plénière ce vendredi, l'Assemblée nationale a examiné puis adopté la modification de son Règlement intérieur. Rare point de désaccord : le Premier ministre n'est plus obligé de présenter devant les députés tous les mois. Un changement que ne comprend pas Me Aïssata Tall Sall. 

En modifiant son Règlement intérieur ce vendredi, l'Assemblée nationale a aussi apporté un changement majeur. Le Premier ministre n'est plus obligé de se présenter au Parlement tous les mois pour répondre aux questions des députés. Un changement voulu par la majorité parlementaire. Pas du tout convaincue, la députée Anta Ngom a déposé un amendement pour que la disposition en question ne soit pas changée. Elle souhaite que le chef du gouvernement continue de venir à l'Assemblée tous les mois. Un amendement soutenu par Me Aïssata Tall Sall. Pour elle, il faut surtout éviter de personnaliser le débat.

"Cette disposition concerne le Premier ministre du Sénégal, qui qu'il puisse être. On ne légifère pas pour une personne. La loi, ce n'est pas une veste qu'on taille sur le corps d'une personne. Elle est impersonnelle, elle est permanente. Nous avons souhaité qu'au minimum, une fois par mois que le Premier ministre vienne ici et qu'il réponde aux questions que les députés pensent pouvoir lui poser", soutient la présidente du groupe Takku Wallu. Elle poursuit : "Ce n'est pas la personne du Premier ministre Ousmane Sonko qui est en cause, c'est la loi que nous voulons générale et impersonnelle. Et c'est la raison pour laquelle nous pensons que, si nous voulons être cette Assemblée que nous voulons incarner, nous devons au minimum laisser la loi en l'état. Et c'est sur ça que nous nous sommes entendus. Nous sommes donc un peu gênés de voir que cette disposition a connu une évolution sans qu'on n'en soit informés. Je soutiens donc l'amendement de notre collègue Anta Ngom pour que la loi reste en l'état et qu'on évite de personnaliser le débat."

Le point de vue de Me Aïssata Tall Sall n'est pas du tout partagé par Mouhamed Ayib Daffé. Ce dernier rappelle : "Lors du dernier passage du Premier ministre, une bonne partie de l'opposition avait boycotté. Et ce sont les mêmes qui réclament aujourd'hui la venue du Premier ministre." De l'avis du président du groupe parlementaire Pastef-Les-Patriotes, le débat est ailleurs. "Nous demandons au président de l'Assemblée nationale d'être le gardien du Règlement intérieur. Or, nous ne respectons pas notre Règlement intérieur. Nous voulons être réalistes. On ne ferme pas la porte car le Règlement dit que le Premier ministre doit venir au moins une fois tous les trois mois. Cela veut dire qu'on peut faire plus", dit-il. Avant d'ajouter : "Les commissions ont aussi  la possibilité d'auditionner tout membre de l'Exécutif." Selon Ayib Daffé, cette modification, c'est juste être réaliste. "Le Premier ministre a beaucoup de charges. Par exemple, il y a quelques jours, il était en tournée dans la sous-région. Aujourd'hui, il est en Chine dans le cadre de la mise en œuvre de l'agenda Sénégal 2050", martèle-t-il. Non sans insister : "Evitons d'être rigides."