NETTALI.COM - À l’occasion du 14ᵉ anniversaire des évènements du 23 juin 2011, l’ancien ministre de l’Éducation nationale et historien Kalidou Diallo rend hommage à l’ancien président Abdoulaye Wade, qui avait retiré son projet de révision constitutionnelle sous la pression de la rue. Il invite les dirigeants actuels à s’inspirer de ce geste et de la vision démocratique du fondateur du PDS.
Quatorze ans après les événements du 23 juin 2011, Kalidou Diallo, ancien ministre de l’Éducation nationale sous Abdoulaye Wade, revient sur cet épisode marquant de l’histoire politique du Sénégal et en tire des enseignements pour le présent. Dans un entretien accordé à l’APS, le professeur d’histoire moderne et contemporaine à l’Université Cheikh-Anta-Diop de Dakar estime que l’ancien président sénégalais avait, ce jour-là, donné ‘’une grande leçon de démocratie’’ au pays.
Ce 23 juin 2011, des milliers de Sénégalais avaient envahi les rues de Dakar pour protester contre un projet de révision constitutionnelle controversé, visant à instaurer un ‘’ticket présidentiel’’ et à abaisser le seuil de victoire à 25 % des suffrages exprimés dès le premier tour de la présidentielle. Une réforme perçue comme une tentative d’Abdoulaye Wade de baliser la voie à son fils, Karim Wade, pour la succession en 2012.
Face à la colère populaire et aux affrontements entre forces de l’ordre et manifestants, Abdoulaye Wade avait ordonné, en fin de journée, le retrait du texte. Un geste que Kalidou Diallo qualifie de ‘’leçon de démocratie’’, rappelant que le président Wade avait toujours encouragé les Sénégalais à manifester pacifiquement et à exprimer leur opinion librement.
Un modèle à méditer pour les dirigeants actuels
L’universitaire et ancien ministre invite le président Bassirou Diomaye Faye et le Premier ministre Ousmane Sonko à "s’inspirer de la vision, de la générosité et du pragmatisme’’ de Wade en matière de démocratie, de libertés publiques, mais aussi de développement économique et social. Selon lui, de nombreuses revendications discutées lors du dialogue national du 28 mai 2025 auraient déjà pu être satisfaites si l’esprit d’écoute et de compromis du 23 juin 2011 avait prévalu.
Interrogé sur la possibilité de nouvelles manifestations d’ampleur, Kalidou Diallo rappelle que chaque président du Sénégal a été confronté à des mouvements sociaux majeurs : Léopold Sédar Senghor en 1963 et 1968, Abdou Diouf en 1988, Abdoulaye Wade en 2011 et Macky Sall en mars 2021. Pour lui, Bassirou Diomaye Faye et son gouvernement pourront éviter ce genre de soulèvements "s’ils travaillent bien et évitent les erreurs politiques graves’’.
Une attente forte du peuple
Kalidou Diallo reste toutefois prudent sur le bilan du nouveau régime, élu en avril 2024. "Il est prématuré de juger, mais s’ils déçoivent, ils n’échapperont pas à la vindicte populaire’’, prévient-il. L’ancien ministre rappelle que les aspirations du peuple sénégalais demeurent inchangées : sortir de la pauvreté, offrir un avenir aux jeunes et conduire le pays vers le développement.
En conclusion, Kalidou Diallo souligne que le Sénégal, "petit par sa taille mais grand par son histoire et ses ressources humaines’’, a tous les atouts pour réussir, à condition de tirer les leçons de son passé politique pour instaurer ‘’la paix, la justice sociale et le progrès durable’’.