NETTALI.COM - Une enquête de la Division des investigations criminelles (DIC) a mis à jour un réseau de fraude impliquant des transitaires, un mystérieux commerçant et potentiellement, des agents du Trésor public. À la clé, un détournement massif de fonds publics par le biais de paiements douaniers frauduleux.
L’affaire défraie la chronique. L’enquête menée par la Division des investigations criminelles (DIC) a révélé un système de fraude sophistiqué, orchestré autour de faux paiements de droits de douane. Le montant en jeu donne le vertige : 150 chèques émis par le Trésor public ont été détournés pour une somme globale estimée à 7,86 milliards de francs CFA.
Au cœur de ce système, un certain Pape Galaye Thiaw, un commerçant aujourd’hui introuvable qui aurait servi d’intermédiaire auprès de plusieurs sociétés de transit. D’après les informations rapportées par le journal Libération, ces transitaires qui reconnaissent avoir encaissé les chèques, reversaient ensuite des commissions de 10 à 12 % à Thiaw. Certains d’entre eux ont affirmé avoir agi sur la base de documents authentiques, sans soupçonner l’origine frauduleuse des paiements.
Mais les soupçons ne s’arrêtent pas là. Plusieurs témoignages recueillis dans le cadre de l’enquête pointent du doigt des complicités internes au sein même du Trésor. Un contrôleur est notamment cité dans les déclarations de certains mis en cause. Mansour Kane, l’un des principaux suspects actuellement sous les verrous, va plus loin. Il parle d’une faille systémique dans le mécanisme de rapprochement des comptes, exploitée depuis des années.
Selon lui, la pratique était connue, tolérée, voire couverte par certains services internes du Trésor. Il dénonce une volonté de lui faire porter seul la responsabilité, alors que, d’après ses dires, "les bilans ont été maquillés pour masquer les écarts non régularisés".
Le parquet financier, saisi du dossier, poursuit désormais les investigations pour déterminer l’ampleur du réseau et identifier les éventuels complices dans les rouages de l’administration. L’affaire pose une nouvelle fois la question cruciale de la transparence dans la gestion des finances publiques et du contrôle des paiements effectués par l’État.
L’enquête pourrait bien n’en être qu’à ses débuts, tant les ramifications semblent profondes. Pour Libération, c’est tout un système de détournement qui se dessine en filigrane, révélant des failles structurelles que l'État ne pourra ignorer plus longtemps.