Monsieur le Président de la République,
Monsieur le Premier Ministre,
Mes chers compatriotes,
Je vous parle aujourd’hui avec le cœur lourd… et l’esprit libre.
Libre, parce que je suis jaloux de ma liberté. Tous ceux qui ont eu à diriger le Sénégal le savent. Mes amis le savent aussi : je suis loyal, mais ma liberté n’a pas de prix. Et quand il faut dire la vérité, je la dis, sans trembler.
J’ai choisi de m’adresser au Chef de l’État, Monsieur Bassirou Diomaye FAYE, et à son Premier ministre, Monsieur Ousmane SONKO. Sans détour, sans langue de bois. En toute franchise. J’ai volontairement attendu la fin du dialogue national du 28 mai 2025 pour vous livrer cette parole. Ma parole.
Je parle ici en homme libre. Je n’attends rien des nouvelles autorités. Je n’ai rien à négocier. Mais j’ai le devoir de vous parler, car j’ai soutenu Pastef et ses leaders, quand beaucoup se taisaient, ou regardaient ailleurs. Oui, j’étais à leurs côtés, même quand ils étaient en prison. Mais j’ai aussi su dire à Ousmane Sonko qu’on ne menace pas un président, fût-il Macky Sall, d’un “sort à la Samuel Doe”. Ce n’est pas digne. Et cela aurait pu, ailleurs, lui coûter sa carrière politique.
Je suis fier d’avoir joué un rôle dans le rétablissement des liens entre Macky Sall et Pierre Atepa, en janvier 2024. Je suis aussi fier d’avoir défendu mes principes, même quand cela mettait en danger mes amitiés les plus anciennes. Car oui, j’ai failli perdre l’amitié de Macky Sall quand ses services lui ont rapporté que j’invitais au Lagon des membres de Pastef. Mais je n’ai jamais vu en eux des ennemis. C’était, et c’est toujours, une question de principe. De justice. De paix.
Le Sénégal, en 2021, traversait une crise grave. J’ai interpellé Macky Sall, pour l’apaisement. Aujourd’hui, en 2025, je vous interpelle, vous, Président Diomaye Faye, et vous, Premier ministre Ousmane Sonko.
Pourquoi ? Parce que j’ai peur.
J’ai peur pour mon pays. J’ai peur pour le Sénégal.
Les Sénégalais ont beaucoup souffert. Des crises politiques à répétition, une économie fragilisée, une jeunesse désorientée. Le 24 mars 2024, le peuple a voté dans l’espoir. Cet espoir, aujourd’hui, s’effrite. Le paysan, le conducteur de Jakarta, la vendeuse au marché, l’enseignant, le commerçant, l’éleveur, la mère de famille… tous commencent à douter. À douter de vous.
La gouvernance patine. L’économie chancelle. Les partenaires se méfient. Les institutions financières reculent. Et pendant ce temps, le pays s’endette à un rythme effréné, parfois même sans vérifier l’origine de ces fonds. Qui peut garantir que ces emprunts ne sont pas liés à des circuits obscurs, à la drogue, au terrorisme ou au blanchiment d’argent ? Personne.
Je vous le dis : le Sénégal ne mérite pas cela.
Mais il y a pire, encore. Pire qu’un marasme économique, c’est une justice instrumentalisée. Une justice à sens unique. Une justice au service d’un homme ou d’un parti. Nous avons connu plus de 80 morts dont les responsables doivent être sanctionnés dés le lendemain de l’abrogation de la Loi d’amnistie de Mars 2024. Osons le faire ! Pour le faire, nous saurons compter sur une justice vraiment indépendante car il faut reconnaitre que certaines décisions de justice déraillées font douter. En plus, nous avons soif des positions jadis véridiques de l’Union des magistrats contre les dérives de l’Exécutif.
Et dans cette atmosphère pesante, des figures politiques sont jetées en prison : Sophie Gladima, Mansour Faye, Lat Diop, Farba Ngom, et bien d’autres. Des femmes ministres, enfermées. Pour quelles raisons ? Sur quelles bases ? La justice ne doit pas devenir un outil de vengeance. Elle doit rester un pilier de la République.
Et que dire de ce qui se passe au Port de Dakar ? Des licenciements par milliers, des entreprises étranglées par le fisc, des investisseurs refroidis. Même notre diplomatie, autrefois brillante, s’effondre. Le Sénégal, jadis modèle en Afrique, perd son éclat. Même les défaites, comme celle de mon ami et frère Amadou Hott, nous humilient au niveau international.
Monsieur le Président de la République,
Monsieur le Premier Ministre,
L’histoire de notre pays a été bâtie par de grandes figures. Elle vous regarde aujourd’hui. Ne laissez pas le Sénégal se fracturer. Ne laissez pas les extrêmes vous dicter la loi. N’écoutez pas les faucons. Ne cédez pas à la tentation de la revanche.
Vous êtes au pouvoir. Vous avez donc la responsabilité d’unifier. De pacifier. D’élever.
L’heure viendra où vous serez jugés. Pas par vos partisans. Mais par l’Histoire. Et par ce peuple sénégalais qui attend, regarde, espère… et commence à douter.
Je vous le redis, avec gravité :
J’ai peur pour le Sénégal.
Mais il n’est pas trop tard.
Agissez. Pour la justice. Pour l’unité. Pour la paix.
Car un pays qui se divise… est un pays qui meurt.
Monsieur le président de la République,
Monsieur le Premier Ministre
Je voudrais vous rappeler ceci : depuis que le commerce existe entre les hommes, un pauvre n’a jamais fait vivre un pauvre, un pauvre n’a jamais créé d’emplois. Par contre, un riche fait vivre les pauvres et un riche crée des emplois.
A vous, respectueusement.
Merci.
par Robert BOURGI
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