NETTALI.COM - Washington envisage d'élargir de manière considérable ses restrictions de voyage, en visant désormais 36 pays supplémentaires dont le Sénégal. Une note interne confidentielle du Département d'État, traitée par le Washington Post, révèle un ultimatum de 60 jours imposé aux nations concernées pour se plier à de nouvelles exigences strictes, sous peine de voir leurs citoyens interdits, partiellement ou totalement, d'entrée sur le territoire américain.

Trump va encore plus loin sur une de ses nombreuses promesses électorales, en voulant allonger la liste des pays persona non grata aux États-Unis. Cette menace vise 36 pays, dont 25 africains et des nations des Caraïbes et d'Asie centrale. Parmi ces nations, il y a des partenaires plus ou moins importants des États-Unis, tels que l'Égypte et Djibouti, mais aussi le Sénégal, la Gambie, le Ghana, la Côte d'Ivoire, le Mali, la Mauritanie, le Niger, le Nigeria, le Burkina Faso et le Cameroun.

L'onde de choc est palpable à Dakar, où les autorités suivent la situation de près. La décision signée par le secrétaire d'État Marco Rubio, a été transmise aux diplomates américains, ce samedi. Il impose aux gouvernements des pays concernés de fournir, dès ce mercredi à 8h00, un plan d'action initial détaillant les mesures qu'ils comptent prendre pour se conformer aux critères définis par le Département d'État.

La pression est immense et le temps imparti est court.

Les motifs invoqués par la Maison Blanche

Plusieurs raisons sont avancées pour justifier cette potentielle restriction. La missive de Rubio pointe du doigt des pays manquant d'une “autorité gouvernementale centrale compétente ou coopérative pour produire des documents d'identité ou d'autres documents civils fiables”, ou souffrant d'une “fraude gouvernementale généralisée”.

Le secrétaire d’Etat parle aussi du nombre élevé de citoyens qui dépassent la durée autorisée de leur visa aux États-Unis, de la possibilité d'obtenir la citoyenneté par un investissement monétaire sans condition de résidence et des allégations d'“activités antisémites et anti-américaines aux États-Unis” par des personnes originaires de ces pays.

La note suggère qu'une volonté d'accepter des ressortissants de pays tiers expulsés des États-Unis ou de conclure un accord de “pays tiers sûr” pourrait apaiser ces inquiétudes, offrant une mince porte de sortie.

Un avenir incertain et des critiques virulentes

Pour l'heure, la date d'application concrète de ces restrictions, si les exigences ne sont pas prises en compte, demeure incertaine. Cependant, cette nouvelle liste représente une extension considérable de la proclamation présidentielle du 4 juin, qui avait déjà restreint l'entrée de citoyens de 19 pays, dont l'Afghanistan, le Soudan et le Yémen.

Les réactions ne se sont pas fait attendre. Les critiques de l'administration Trump, notamment les démocrates, ont rapidement qualifié ces tentatives d'imposer des interdictions de voyager de xénophobes et de sectaires. Ils mettent en lumière le nombre disproportionné de pays africains et caribéens ciblés, y voyant un rappel troublant des précédentes tentatives du président Donald Trump de bloquer les voyages en provenance de pays à majorité musulmane. Bien que l'interdiction de voyager ait été levée sous l'administration Biden, Donald Trump s'était engagé à la rétablir s'il est réélu, promettant qu'elle serait “plus importante qu'avant”.

Alors que le compte à rebours est lancé pour le Sénégal et les autres nations concernées, la question reste entière : comment ces pays réagiront- ils à cette pression, et quelles seront les répercussions diplomatiques et humaines de cette nouvelle phase de la politique migratoire américaine ?

Les mises en garde des services de Yacine Fall

Côté sénégalais, le Ministère de l'Intégration Africaine et des Affaires Étrangères (MIAAE) a presque anticipé cette situation. Depuis ses plateformes officielles, le département dirigé par Yassine Fall, ce 13 juin, a lancé un appel à la prudence à ses ressortissants, suite à un renforcement significatif des dispositifs de sécurité frontalière par les autorités américaines, dans le cadre de la lutte contre l'immigration irrégulière.

Dans un communiqué diffusé ce vendredi, le MIAAE “informe l'opinion publique que les Autorités américaines ont récemment réactualisé le dispositif en matière de Sécurité aux frontières pour lutter contre l'immigration irrégulière”.

Le Ministère précise qu'elles comprennent désormais “des sanctions pénales et administratives à l'encontre de toute personne reconnue coupable de tentative ou d'acte d'immigration irrégulière.

En outre, soulignent les services de Yacine Fall, l'accès au territoire américain sera interdit “pour les individus concernés, y compris en cas d'infractions passées ou ayant des antécédents judiciaires”. Face à ces évolutions, la tutelle rappelle l'importance cruciale pour les Sénégalais souhaitant voyager ou séjourner aux États-Unis de “vérifier la validité de leurs visas avant le départ” et de “respecter strictement les durées de séjour autorisées”.

Il est également fortement conseillé de “prendre contact avec le réseau diplomatique et consulaire pour toutes informations utiles complémentaires sur les conditions et règles en vigueur”.