NETTALI.COM- La tuberculose fait des ravages en banlieue. Près de 500 cas sont enregistrés depuis janvier 2025 à Pikine et Guédiawaye.

Malgré les progrès réalisés par le Programme national de lutte contre la tuberculose (Pnlt), la maladie persiste dans la banlieue dakaroise. Depuis le mois de janvier 2025, 320 cas sont enregistrés à Guédiawaye et 125 à Pikine.

Abdoulaye Diouf, superviseur communautaire du Programme national de lutte contre la tuberculose au district sanitaire de Guédiawaye, trouve « la situation alarmante ». Il affirme que ce département est une « zone de forte charge » où la tuberculose sévit et demeure un fléau qu’il faut combattre par tous les moyens.

Hélène Dacko Dia, Point focal du Programme national de lutte contre la tuberculose au centre de santé Wakhinane, a indiqué que sur les 320 cas  enregistrés en six mois, il y a 28 rechutes et 12 enfants touchés.

Parmi ces cas, précise Mme Dia, 45 sont des formes extra-pulmonaires, particulièrement contagieuses. « Un seul malade non pris en charge peut contaminer plusieurs personnes. Tant qu’un cas n’est pas traité, il continuera de propager la maladie », a-t-elle insisté.

Refus des traitements préventifs 

D'après Hélène Dacko Dia, le dépistage pédiatrique poserait également un problème majeur. « Les parents ont tendance à les cacher ou à ignorer les symptômes. Certains refuseraient même les traitements préventifs, convaincus que leur enfant n’est pas malade », rapporte-t-elle, dans les colonnes du Soleil, précisant que seuls 12 cas pédiatriques auraient été officiellement identifiés, alors que la réalité est bien plus alarmante.

Selon elle, la densité démographique de Guédiawaye favoriserait la propagation de la maladie. « Les populations s’entassent dans des logements exigus et mal aérés. Beaucoup ignorent même l'existence de cette maladie », déplore-t-elle.

Néanmoins, Hélène Dacko Dia « est convaincue que la tuberculose se guérit si le traitement est bien suivi. Mais faudrait-il que les populations connaissent les symptômes : toux persistante, fièvre, amaigrissement et oser se faire dépister. Avec 780 cas attendus en 2025 » le superviseur qui se veut rassurant.

Cependant, il indique que diverses stratégies sont déployées. « Nous faisons des activités de sensibilisation au niveau communautaire, de recherche de cas présumés », a expliqué Abdoulaye Diouf, en précisant que le dépistage notamment chez les enfants, représente un défi majeur. Il a qualifié la tuberculose de l’enfant de « défi » en raison de la spécificité de cette couche et de la négligence des parents d’enfants souffrant de la tuberculose.

« Les parents hésitent parfois à faire dépister leurs enfants ou à leur donner des médicaments préventifs ; ils ne comprennent pas toujours la nécessité de protéger un enfant qui n’est pas malade », a confié M. Diouf.

Ndèye Marie Diagne Sy, infirmière au centre de santé Dominique et point focal du Programme national de lutte contre la tuberculose, est également revenue sur la progression de la maladie. « L’année dernière, le centre de santé Dominique de Pikine a enregistré 514 cas de tuberculose. Pour le premier rapport trimestriel de l’année 2025, nous sommes déjà à 125 malades et plus de 200 sous traitement », a ajouté Mme Sy.