NETTALI.COM - À peine le Dialogue national sur le système politique et les institutions clos, une nouvelle arrestation secoue la scène politique sénégalaise. Moustapha Diakhaté, ancien parlementaire connu pour sa liberté de ton, a été interpellé pour avoir tenu des propos critiques à l’égard des dirigeants. Une arrestation que le Parti de l’indépendance et du travail (PITSénégal) qualifie de “répressive” et “politiquement contre-productive”. “Son tort ? La tenue de simples propos critiques” fustige le PIT Sénégal dans un communiqué reçu hier à “Nettali.com”.
Selon le parti, Moustapha Diakhaté n’a fait que “partager un point de vue relatif aux “manières” des principaux dirigeants du pays”. Une opinion qui, bien que sévère dans sa formulation, n’avait rien d’insultant ou de délictuel. “Il a seulement rappelé que la République, c’est aussi une question de port et d’usages”, précise le texte.
Le parti de gauche rappelle que Moustapha Diakhaté a toujours été constant dans sa posture critique, y compris à l’égard de ses propres alliés politiques. “Blesser l’amour-propre d’un vis-à-vis n’est pas un délit et encore moins un crime : cela procède de l’exercice légitime de la liberté d’expression”, insiste le PITSénégal.
Cette arrestation intervient alors que d’autres figures, à l’instar d’Abdou Nguer sont en prison. Une situation dénoncée par le PIT Sénégal, qui estime que “dénoncer l’incurie de l’État a cessé de relever d’une infraction” au Sénégal.
Le parti dénonce également la précarité persistante d’une partie de la presse privée, “prise à la gorge avec autant de cynisme que d’inélégance”. Le PIT-Sénégal y voit une série d”’offensives” destinées à intimider celles et ceux qui osent contredire le pouvoir, qu’ils le fassent “avec véhémence ou modération”.
Le parti note, au passage, la différence de traitement réservée à certains partisans du régime dont les “dossiers” bénéficieraient d’une attention toute particulière de la justice.
Rappelant avoir, dès l’ouverture du Dialogue national, condamné la “pénalisation systématique des délits de presse et l’emprisonnement d’adversaires politiques”, le PIT-Sénégal souligne : “La liberté d’opinion est un droit constitutionnel inaliénable ; nul ne doit être privé de liberté pour avoir exprimé une pensée dérangeante.”
Dans un contexte social jugé alarmant, avec des fêtes religieuses éprouvantes, un chômage croissant, des départs d’entrepreneurs, une économie en berne et une diplomatie “à ras le sol”, le parti estime que “la répression est politiquement contre-productive” et qu”’aucune intimidation ne fera taire un peuple qui souffre et exige des solutions concrètes”.
Le communiqué du PIT-Sénégal appelle donc à l’apaisement et à la rupture avec “ les voies sans issue” empruntées jusque-là. Il exige la libération immédiate de Moustapha Diakhaté, d’Abdou Nguer et de toutes les personnes détenues pour des délits d’opinion.
Il réclame également l’abrogation des “dispositions liberticides” du Code pénal et la fin des intimidations contre journalistes, militants et simples citoyens. Enfin, le PIT lance un appel à la mobilisation à toutes les forces progressistes, organisations de défense des droits humains et syndicats pour défendre les “libertés essentielles de toute démocratie”. Car, conclut le communiqué, “aucun projet politique sérieux ne peut mériter le soutien populaire en brisant les plumes ou en étouffant les voix critiques”.