NETTALI.COM - Ce mardi matin, l’ancien président du Groupe Parlementaire Benno Bokk Yakaar (BBY), Moustapha Diakhaté, s’est rendu aux locaux de la Division des Investigations Criminelles (DIC) après avoir reçu une convocation la veille. Il a été placé en garde à vue. L’ex-député ne s’est pas contenté d’une simple comparution. Avant de se présenter aux enquêteurs, il a livré une déclaration ferme, assumant pleinement la posture qu’il entend adopter face à la justice et, plus largement, dans l’arène politique.
Dans sa déclaration, Moustapha Diakhaté a clairement annoncé qu’il ne répondrait à aucune question ni ne signerait le procès-verbal d’audition. Cette attitude marque une volonté de ne pas se soumettre aux procédures judiciaires qu’il considère instrumentalisées. Il dénonce explicitement ce qu’il qualifie de « volonté du régime Pastef » de le renvoyer à la prison de Rebeuss, un signal fort dénonçant ce qu’il perçoit comme une répression politique.
Ce refus d’interagir avec les enquêteurs s’inscrit dans une stratégie plus large : celle d’affirmer une posture de résistance politique face à un pouvoir qu’il accuse d’utiliser la justice à des fins partisanes. En se retranchant derrière le « combat politique », Moustapha Diakhaté s’inscrit dans une longue tradition sénégalaise où la contestation politique se confronte parfois à la répression, tout en revendiquant le respect des institutions et de la Constitution.
En demandant à ses partisans de ne pas venir le visiter en prison, Moustapha Diakhaté montre une conscience aiguë des conséquences humaines et sociales de cette confrontation. Il évoque « le fardeau de la visite carcérale » pour les familles et proches, une dimension souvent oubliée dans les affrontements politiques. Ce message traduit aussi une certaine lucidité sur la dureté des prochaines étapes à venir et une volonté de protéger ses proches des difficultés psychologiques et matérielles liées à l’emprisonnement.
Pour l’ancien parlementaire, la seule issue légitime à cette situation est un « combat politique dans le respect de la Constitution et des lois du pays ». Cette affirmation revêt une double dimension. D’une part, elle rejette tout recours à la violence ou à l’illégalité, soulignant une fidélité aux principes démocratiques et juridiques. D’autre part, elle met en lumière la conviction que les différends politiques doivent se régler sur le terrain politique et non judiciaire.
Ce positionnement pose également une question centrale pour le Sénégal : comment garantir une séparation réelle entre la justice et la politique, afin d’éviter que des procédures judiciaires ne soient perçues comme des instruments de répression politique ? Le cas de Moustapha Diakhaté illustre les tensions persistantes dans le paysage politique sénégalais, où la justice et la politique s’entremêlent parfois de manière problématique.
Le face-à-face entre Moustapha Diakhaté et la DIC s’inscrit dans un contexte tendu, marqué par une opposition virulente entre certains acteurs politiques et le régime en place. En assumant son refus de collaborer, Diakhaté lance un défi symbolique au pouvoir, s’affirmant comme un opposant déterminé malgré les pressions judiciaires.