CONTRIBUTION 

1. L’observateur dans les instances de la BCEAO : Comme nous l’avons déjà rappelé, l'accord de coopération monétaire révisé en 2019 a profondément modifié la gouvernance de la zone CFA. Il n’y a plus de représentant de la France dans les instances de décision de la BCEAO. L’observateur qui y siège désormais n’est pas un ressortissant français, mais une personnalité neutre, choisie d’un commun accord entre les deux parties pour assurer un suivi strictement technique, sans aucun pouvoir décisionnel. Sa présence est symbolique et transitoire. Elle ne remet nullement en cause notre souveraineté monétaire, que nous exerçons pleinement depuis plusieurs décennies.

2. Le taux de change fixe avec l’euro : Ce régime est le fruit d’un choix collectif que nous avons fait, en connaissance de cause, pour garantir à nos économies une stabilité monétaire et des conditions d’investissement attractives. Cette stabilité a permis à l’UEMOA d’afficher des performances macroéconomiques supérieures à la moyenne du continent. Néanmoins, nous sommes cons-cients des limites d’un tel ancrage. Nous devons envisager à terme une évolution vers un régime plus flexible, inspiré par exemple du modèle marocain, avec un arrimage à un panier de devises ou aux DTS, pour plus de résilience face aux chocs extérieurs.

3. La fabrication des billets en France : Il s’agit d’un choix technique et logistique, et non d’une contrainte politique. Nous avons confié l’impression des billets à Chamalières, comme d’autres pays africains (Gambie, Guinée, Mauritanie, Éthiopie, Tanzanie, Botswana...) qui sous-traitent cette tâche à des imprimeries étrangères reconnues pour leur sécurité et leur savoirfaire. Si nous décidons ensemble, rien ne nous empêche de transférer cette production en Afrique. La souveraineté, ce n’est pas tout faire soimême, c’est pouvoir choisir librement ce que l’on juge efficace pour son développement.

PR AMATH NDIAYE FASEG UCAD