NETTALI.COM - Invité ce samedi à la rentrée solennelle de l’École du Parti socialiste, le politologue Yoro Dia a livré une analyse critique des courants souverainistes portés par certains pays africains. Admiratif de la pensée de Senghor, il a réaffirmé l’importance pour le Sénégal de préserver son modèle démocratique face à la montée des discours populistes et des coups d’État dans la région.

Prenant la parole lors de la rentrée solennelle de l’École du Parti socialiste ce samedi, le politologue Yoro Dia a une nouvelle fois mis à l’honneur la pensée de Léopold Sédar Senghor, qu’il admire profondément. Dans un contexte où plusieurs pays africains affichent leur volonté de rompre avec les modèles hérités pour s’engager dans des politiques de souverainisme, Yoro Dia a déploré ce qu’il perçoit comme un affaiblissement de la logique républicaine au Sénégal.

« Je suis passionné de Senghor, mais son seul défaut, c’est qu’il est sérère », a-t-il lancé avec une touche d’ironie, avant de rappeler que chaque nation construit sa diplomatie à partir de sa géographie et de son histoire. « En Afrique, nous avons été le phare démocratique et nous le restons », a-t-il martelé. L’ancien coordonnateur de la communication de la présidence de la République a tenu à rappeler au leader de Pastef, Ousmane Sonko, et à ses alliés de l’Alliance des États du Sahel (AES) que le Sénégal n’a pas à rougir de son statut de démocratie exemplaire.

Selon lui, « le comportement de ces nouveaux dirigeants laisse penser que le Sénégal devrait avoir honte de l’échec de l’insurrection. Or, nous sommes fiers d’être une démocratie. La vérité, c’est de dire à l’AES que les coups d’État sont anachroniques. Il faut qu’ils sachent que ce sont de vulgaires putschistes », a-t-il dénoncé.

Poursuivant devant les responsables socialistes, Yoro Dia a estimé que « l’idéologie du souverainisme et du panafricanisme brandie par l’AES n’est qu’un vernis destiné à masquer la forfaiture des coups d’État ». Pour lui, le Sénégal doit rester fidèle à son histoire et à son rang sur le continent. « Le Sénégal n’a pas à rougir devant Ibrahim Traoré ou encore Assimi Goïta. Ce sont eux qui doivent rougir », a-t-il insisté.

Enfin, Yoro Dia a mis en garde contre la tentation de réduire le Sénégal à un simple acteur du bloc souverainiste, rappelant son rôle stratégique : « Pastef veut rabaisser le Sénégal, qui est la porte du continent, à quelques heures de l’Europe, le pont entre l’Afrique noire et le Maghreb, et lié à l’Orient par l’islam et la chrétienté, mais aussi à l’Europe par les valeurs de la République. » Une vision qu’avait déjà anticipée Léopold Sédar Senghor en théorisant « la civilisation de l’Universel », a conclu le politologue.