NETTALI.COM - 20, c'est le nombre de places que le Sénégal gagne dans le classement 2025 de la liberté de la presse. Mais pour Mamoudou Ibra Kane du CDEPS, il ne faut pas, pour autant, applaudir. Selon lui, le nouveau pouvoir fait peser d'autres menaces sur la presse.

"Reporters sans frontières" a publié, ce vendredi, son rapport 2025 sur la liberté de la presse. Le Sénégal qui occupait la 94e place est aujourd'hui à la 74e place. "Cela veut dire que de manière formelle, le Sénégal a gagné 20 places", constate Mamoudou Ibra Kane. Le président du Conseil des diffuseurs et éditeurs de presse du Sénégal rappelle que "les journalistes ont vécu l'enfer" sous le régime de Macky Sall. Il en veut pour preuve "les multiples arrestations de journalistes, les violences que les journalistes ont subies sur le terrain, les coupures de signal de télévisions et de radios". "C'était une situation incroyable. Et c'est ce qui fait que le Sénégal était mal classé", dit-il. "Mais, précise-t-il, pour autant, aujourd'hui nous avons d'autres formes de violations de la liberté de la presse de la part de la troisième alternance politique au Sénégal." Et de citer : "L'arme fiscale utilisée contre les entreprises de presse, l'arme économique avec une répression des entreprises de presse en ce sens que l'Etat doit de l'argent aux entreprises de presse et refuse de les payer."

Pis, le président du CDEPS soutient que "l'Etat bloque la subvention à la presse alors que ça a été voté dans le budget 2024. Les contrats publicitaires sont résiliés de manière unilatérale. Et la goutte qui fait déborder le vase, c'est que le ministre de la Communication veut se donner le droit de dire qui peut être média au Sénégal ou non en violation de la Constitution du Sénégal."

Tout ceci pousse Mamoudou Ibra Kane à conclure : "Oui, il y a un léger mieux au niveau du classement du Sénégal parce que la situation en Afrique est très délicate du point de la liberté de la presse. Mais cela ne veut pas dire qu'au Sénégal, on ne connaît pas de très graves violations de la liberté de la presse." Il estime même que "nous avons connu un recul parce qu'il faut distinguer 2024 des autres années".