NETTALI.COM - Lors de la deuxième édition des "Mercredis de la Police" organisés le mercredi 29 janvier par la Direction générale de la Police nationale et dont le thème était : "Maintien de l’ordre et droit à l’information", il a été beaucoup question de relations apaisées entre la presse et la police.
Prenant la parole, le directeur général de la Police nationale (DGPN) a fait savoir que la cohabitation harmonieuse entre les forces de défense et de sécurité et les journalistes, sur le théâtre des opérations, renforce la sécurité publique et la démocratie. "La reconnaissance mutuelle des contraintes et responsabilités de chacun, le dialogue, la formation et des protocoles clairs" sont les gages d’une cohabitation apaisée entre Forces de défense et de sécurité (FDS) et les journalistes dans le cadre des manifestations publiques, a ainsi déclaré Mame Seydou Ndour.
"Il nous faut pacifier les rapports entre les forces de l’ordre et les journalistes en faisant preuve d’empathie", a ajouté le DGPN qui reconnaît que "les missions de l’information et du maintien de l’ordre, respectivement de la presse et de la police, peuvent parfois entrer en collision".
Poursuivant son propos, le directeur général de la Police nationale, Mame Seydou Ndour, l’a assurée : “la première chose, c'est qu'on doit faire notre introspection, aussi bien du côté des forces de l'ordre que du côté de la presse”, rappelant au passage que le dialogue doit s’instaurer entre les journalistes et les forces de l’ordre.
Avant de faire remarquer : “c'est nous qui avons organisé la rencontre. Nous vous avons laissé la parole. (...) La prochaine fois, nous souhaiterions que ce soit les journalistes qui organisent et qui nous invitent et qui nous laissent la parole pour qu'on puisse dire aussi ce qu'on a appris”
Des propos qui ont renforcé l’idée selon laquelle la communication ne doit pas être à sens unique et que des ajustements doivent se faire des deux côtés.
Mais le patron de la police ne s’en est pas limité là. Mame Seydou Ndour a annoncé la mise en place d’un protocole de non-violence deux côtés. “Comme j'ai dit, la violence n'est pas seulement physique. Nous devons trouver un modus vivendi, comme on dit, pour que les policiers soient aussi protégés vis-à-vis des violences verbales ou en tout cas des traitements déséquilibrés de leurs actions”, a soutenu le directeur général de la Police nationale, avant de mettre l’accent sur la formation.
Dorénavant, a-t-il fait remarquer, les forces de l’ordre devront maitriser les outils qui contribuent à l’identification des journalistes, tels que le Code de la presse, la nécessité de prendre en compte les cartes de presse, etc. “Nous ferons notre possible pour pouvoir parler de vous en termes d'enseignement, en termes de modus que vous mettrez à la disposition de ces écoles de formation, que vous pourrez même dispenser à notre niveau”, a-t-il lancé aux journalistes présents.
Il a ainsi ajouté que des curriculums seront inclus dans les écoles de formation en journalisme, pour la prise en compte des nécessités en rapport avec le maintien de l’ordre. Cela va permettre, explique-t-il, de savoir comment se déplacer dans les zones de sécurité en fonction des circonstances, en fonction de la violence des gens.
L'inspecteur général de Police, Mame Seydou Ndour a également appelé à une sensibilisation sur le secret des enquêtes, pour savoir ce qu’il faut ou ne faut pas publier.
Le DGPN a aussi évoqué l'utilisation des jargons militaires, "pas méchants chez les Forces de sécurité", tel que le mot “Dégager” qui peuvent heurter les autres. Selon lui, ces expressions sont souvent utilisées dans le jargon militaire comme pour dire “Dégager la zone”, toutefois, il indique : “ Etant donné que ça semble déranger, il faudrait qu'on sache qu'on ne doit pas l'utiliser chez les autres. En tout cas, il faut trouver un terme plus approprié pour changer cela.”
Cependant, il souhaiterait que les autres se focalisent moins sur ça et qu'ils comprennent qu'il ne s'agit là que d'une question de culture chère aux militaires. “Il y a des mots que je ne veux pas utiliser ici, mais qui, en termes militaires, n'ont aucune mauvaise connotation”. Une incompréhension qui, selon lui, est tout le temps au coeur des problèmes.
Ainsi cette rencontre, au-delà de son aspect symbolique, pourrait bien constituer un pas vers une cohabitation plus apaisée entre policiers et journalistes. Reste à voir si les engagements pris se traduiront par des actions concrètes sur le terrain.
Selon Migui Marème Ndiaye, président de la Convention des jeunes reporters du Sénégal (CJRS), "le déficit de communication entre les deux parties [forces de l’ordre et journalistes] et un manque d’esprit collaboratif", est souvent à l’origine des heurts notés.
"On doit mettre en place des cadres de concertation réguliers à travers des rencontres périodiques entre les FDS et les journalistes", a-t-il suggéré.
Une rencontre entre la presse et la police qui s’est donc voulue une première rupture, car en la tenant, la police a brisé une dynamique de confrontation que l’on a observée depuis quelques années sur le terrain. La rencontre dont le thème était : "Maintien de l’ordre et droit à l’information" et qui avait pour cadre l’école de Police, à Dakar, a été marquée par une forte présence aussi bien des agents en formation que des policiers expérimentés aux côtés de nombreux reporters, jeunes et chevronnés. La présence des directeurs généraux de la police et l’accueil chaleureux réservé aux journalistes confirment cette volonté d’ouverture et de dialogue.
A noter que l'après-midi de réflexion et d’échanges, était modéré par le journaliste Mademba Ndiaye.