NETTALI.COM - Les libéraux veulent en savoir un peu plus sur les raisons de l’invalidation de la candidature de Karim Wade. Ils vont déposer une demande formelle pour la création d'une commission d'enquête parlementaire afin d’éclairer leur lanterne sur «les problématiques de conflits d'intérêts, de corruption présumée…»

L’invalidation de la candidature de Karim Wade est une pilule restée en travers de la gorge de ses frères de parti et alliés au sein de la coalition «K24». C’est ce qui ressort du communiqué publié hier par le groupe parlementaire «Liberté, Démocratie et Changement». Dans ce texte aux allures de pamphlet, les responsables du Parti démocratique sénégalais (Pds) clouent au pilori les membres du Conseil constitutionnel. Ils annoncent le dépôt d'une demande formelle pour la création d'une commission d'enquête parlementaire. Cette démarche, selon le Président du groupe parlementaire, signataire de la note, fait suite aux récents événements entourant l'élimination, «dans des conditions foncièrement troubles, de candidats à l'élection présidentielle du 25 février 2024, en particulier celle de Karim Wade, candidat de la Coalition K24».

Dans cette commission d’enquête parlementaire, les libéraux entendent cibler spécifiquement «les problématiques de conflits d'intérêts, de corruption présumée, de violations flagrantes et manifestes du secret des délibérations du Conseil Constitutionnel et de collusion entre certains membres dudit Conseil et des candidats, ainsi que le processus opaque et chaotique d'élimination de candidats lors du contrôle des parrainages».

Chahutant toujours la sagesse des membres du Conseil, le groupe «Liberté, Démocratie et Changement» estime essentiel de questionner «les raisons pour lesquelles les Juges, notamment Cheikh Tidiane Coulibaly et Cheikh Ndiaye, n'ont pas pris la décision de se récuser, malgré l'existence de connexions et de conflits d'intérêts apparents». Des accusations ouvertes qui pourraient faire l’objet d’un débat au sein de la Magistrature. Mais quelle sera la posture de l’Union des magistrats du Sénégal (Ums) face à ces accusations sur ces Juges ? L’Ums pourra-t-elle porter leur combat ? Des interrogations qui méritent d’être soulevées si l’on sait que ces Juges blâmés sont des magistrats à la retraite.

Les alliés de Karim Wade se disent déterminés à faire la lumière, à travers cette commission d'enquête parlementaire, sur les circonstances et le processus ayant mené à l'exclusion de Karim Wade et de nombreux autres candidats. Cet instrument a-t-il des chances d’asseoir la culpabilité de ces membres du Conseil constitutionnel ? Pour qu’il produise l’effet escompté, il faudrait au préalable que les conditions soient respectées. L’ancien parlementaire Alioune Souaré porte de multiples observations qui l’amènent à croire que ce projet des députés libéraux n’est qu’un coup d’épée dans l’eau. Se basant sur l’article 48 du Règlement intérieur de l’Assemblée nationale, Alioune Souaré souligne d’abord qu’un groupe parlementaire ne peut pas déclencher la procédure pour créer une commission d’enquêtes.

«Le premier alinéa dispose que c’est l’Assemblée nationale qui peut, par résolution, créer une commission d’enquête. Quand on parle de l’Assemblée nationale, on fait référence à la Plénière. L’alinéa 2 ne donne pas le pouvoir à l’Assemblée nationale de créer une commission d’enquête contre une décision de Justice», relève-t-il.

Poursuivant son argumentaire, l’ancien parlementaire ajoute que c’est l’une des commissions permanentes qui peut présenter une résolution comme le prévoit l’alinéa 1 de l’article 91 du Règlement intérieur. «Ce qui veut dire que la création d’une commission permanente ne peut pas émaner d’un député. Cela relève du champ de compétence de l’une des 14 commissions permanentes. L’idée de présenter une résolution émane d’une commission permanente. Ni le député, ni le groupe parlementaire ne peut demander une commission d’enquête parlementaire», poursuit-il.  A cela s’ajoute l’entrave des questions soulevées.

Alioune Souaré fait remarquer que ces interpellations qui préoccupent le groupe parlementaire libéral ne figurent dans aucune des trois missions du député, fixées par l’article 59 de la Constitution, qui se résument au vote de lois, au contrôle de l’action gouvernementale et à l’évaluation des politiques publiques.