NETTALI.COM - Le bureau exécutif national du Syndicat des Travailleurs de la Justice (SYTJUST) a tenu, hier, une conférence de presse. C’était pour annoncer le dépôt d’un préavis de grève pour ce 19 octobre. Les travailleurs de la justice veulent mettre le ministre de la Fonction publique devant ses responsabilités et accusent des juristes dans son entourage d’avoir dénaturé le projet de décret adopté en Conseil des ministres.

Revenant sur les raisons du dépôt du préavis, les conférenciers ont rappelé que le Conseil des ministres avait adopté, le 25 juillet 2018, le projet de décret portant statut particulier du cadre des fonctionnaires de la justice qui prenait en charge des points d’accord entre le gouvernement et le Syndicat des travailleurs de la justice (SYTJUST). « Ce projet de décret portait ainsi une réforme statutaire qui allait offrir un bon plan de carrière aux fonctionnaires de la justice. Après cette adoption, des juristes au ministère de la Fonction publique, de connivence avec certaines personnalités du ministère de la Justice et par jalousie, avaient dissimulé, pendant plus de six mois, le projet de décret pour qu’il ne fut pas soumis à la signature de son Excellence Monsieur le Président de la République », ont soutenu ce mardi les animateurs de la conférence de presse.

En réaction à ce blocage, le SYTJUST avait déclenché, en fin novembre 2018, une grève qui s’était prolongée jusqu’au début de la campagne électorale des présidentielles de février 2019. Face à la pression, ces juristes avaient changé de stratégie et étaient parvenus, selon toujours les travailleurs du ministère de la Justice, à tromper la vigilance du ministre de la Fonction publique d’alors. En effet, ils lui auraient fait soumettre à la signature du chef de l’Etat un projet de décret falsifié dont les dispositions remettaient en cause l’engagement solennel de son Excellence le Président de la République et les points d’accord entre le gouvernement et le SYTJUST.

A en croire le bureau exécutif national du syndicat, ces juristes au ministère de la Fonction publique avaient sciemment dénaturé le projet de décret adopté en Conseil des Ministres. Ils avaient ainsi altéré une délibération du gouvernement et abusé de la confiance du chef de l’Etat, d’après toujours Ayé Boun Malick Diop etses camarades. Pour rappel, le projet de décret qui avait été adopté par le Conseil des ministres le 25 juillet 2018 avait pour objet l’abrogation et le remplacement du décret n° 2011-509 du 12 avril 2011 portant statut particulier du cadre des fonctionnaires de la justice.

D’après les fonctionnaires de la justice, le projet falsifié et soumis à la signature du chef de l’état avait abouti à des modifications du statut précité. Et à en croire le Ben du Sytjust, « cette grave prévarication bloque depuis cinq ans le passage des greffiers à la hiérarchie A2 et le reclassement du personnel du ministère de la Justice dans le corps des assistants des greffes et parquets, retardant gravement la mise en œuvre d’une réforme consensuelle. Elle est la principale source de tensions sociales dans le service public de la justice telles que les 73 jours consécutifs de grève en 2020. Les travailleurs de la justice ont déposé leur préavis de grève Dans l’optique de corriger la forfaiture dont ils estiment avoir été l’objet, le ministre de la Justice a élaboré, par les soins des services techniques de son département, un autre projet de décret portant statut particulier du cadre des fonctionnaires de la justice qu’il a déjà communiqué au ministre de la Fonction publique pour que ce dernier, dans le cadre de ses attributions, le soumette à la signature du chef de l’Etat. Toutefois, il semblerait que la bonne foi de ce dernier aurait été fortement influencée parles positions de certains membres de son entourage qui se sont toujours montrés rétifs à la réforme positive que le gouvernement avait déjà consenti d’entreprendre sur le statut particulier du cadre des fonctionnaires de la justice. Les organisateurs de la conférence d’hier déplorent que le ministre de la Fonction publique, ne faisant pas preuve de solidarité gouvernementale, ait refusé d’harmoniser sa position à celle du ministre de la Justice pour ne pas contrarier les pourfendeurs de la réforme qui sont dans sa proximité.

Pourtant, le SYTJUST dit avoir fait la même démarche de sensibilisation auprès du ministre de la Fonction publique qui avait accordé, le 31 janvier 2023, une audience à son secrétaire général accompagné de son adjoint. A l’occasion, devant le ministre et en présence du Directeur général de la Fonction publique, les deux plénipotentiaires des travailleurs de la justice avaient amplement exposé à l’autorité ce qui s’était réellement passé depuis le 25 juillet 2018. Par la suite, les syndicalistes avaient déposé un mémoire et des documents à l’appui de leurs explications. Pour conclure, les travailleurs de la justice regroupés au sein du Sytjust estiment que le ministre de la Fonction publique est l’unique responsable des perturbations qui surviendront dans le service public de la justice à l’expiration du préavis de grève qu’ils ont déposé dès lors que ce ministre « a visiblement pris fait et cause pour les fossoyeurs de la réforme statutaire entreprise par le gouvernement ».