NETTALI.COM - La question jusque-là taboue d’une possible alternative à Ousmane Sonko pour la Présidentielle de 2024,a été soulevée par le Dr Diallo Diop chargé du panafricanisme et des questions mémorielles de l’ex-Pastef. De ce fait, cette option doit mettre en lumière les potentiels successeurs comme Birame Soulèye Diop, Guy Marius Sagna et peut-être Bassirou Diomaye Faye qui seront chargés de faire aboutir le “projet Pastef” en vue de la Présidentielle de 2024.

La bombe a été lâchée avant-hier par le vice-président de l’ex-Pastef Dr Diallo Diop, chargé du panafricanisme et des questions mémorielles. Selon le secrétaire général du RND, Pastef, qui a été dissous le 31 juillet 2023, aura bien son candidat pour la Présidentielle de 2024. “Pastef aura un candidat à la Présidentielle”. Une déclaration qui semble ouvrir la voie à l’après-Sonko, poursuivi pour appel à l’insurrection et d’atteinte à la sûreté de l’État et emprisonné à la prison de Sébikotane. Une décision qui semble écarter de facto le maire de Ziguinchor et candidat jusque-là de Pastef. Par ailleurs, la dissolution du parti et l’emprisonnement de ses hauts cadres obligent les patriotes à explorer d’autres options afin de sauver le projet de refonte sociale et économique que prône Pastef.

D’après cet ancien proche de Cheikh Anta Diop, le projet de Pastef sera porté par un autre candidat qui en sera le porte étendard le 25 février 2024. “Le Pastef en tant que force politique est bien là. Sonko n’est que le chef d’équipe. Chez nous, le chef d’équipe n’est pas un tyran. C’est un coach. Il est clair, sûr et certain que Pastef aura un candidat à l’élection présidentielle de février prochain”, a promis le Dr Diallo Diop. Cette nouvelle option d’un candidat de l’Ex-Pastef ne pourra se faire qu’avec l’assentiment de la base du parti toujours attaché à l’image de Sonko. De ce fait, le choix d’un autre candidat outre que le maire de Ziguinchor sera difficile, dans la mesure où il semble qu’aucun lieutenant ne semble se détacher. Les noms qui peuvent émerger comme ceux de Birame Soulèye Diop, Bassirou Diomaye Faye ou Guy Marius Sagna risquent de souffrir d’un déficit d’image et de notoriété, face à l’écrasante personnalité d’Ousmane Sonko. D'éventuelles candidatures d’un de ces prétendants risquent de faire face à un certain nombre d’obstacles. Ainsi, ces candidats pourraient partir sous la bannière de partis comme le RND et de Yoonou Askan Wi, mais le timing de lancement du démarrage de la collecte des parrainages prévu le 27 septembre semble laisser peu de temps aux responsables de l’ex-parti Pastef.

Birame Soulèye Diop, l’administrateur rigide

L’administrateur de l’ex-Pastef et chef de groupe parlementaire Yewwi Askan Wi (YAW) s’est fait remarquer lors des différentes sessions à l’Assemblée nationale par sa pugnacité et sa ténacité. Cet inspecteur des impôts et domaines est apprécié par ses camarades de parti comme un administratif rigide qui ne veut rien faire en dehors de ce que lui permettent les lois de la République. Sa détention à la suite des émeutes de mars 2021 n’a pas entamé sa détermination pour le triomphe d’une nouvelle manière de faire la politique au Sénégal. Un engagement très affirmé qui lui a valu son emprisonnement pour offense au chef de l’État capable d’empoisonner ses successeurs pour se présenter comme seul candidat de Benno. Patriote convaincu, l’ancien pensionnaire de l’école Saint-Gabriel a fait son cursus secondaire au lycée Malick Sy avant d’entrer à l’université Gaston Berger de Saint-Louis où il a connu Ousmane Sonko, de deux ans son aîné. Sur les traces de son mentor politique, il ne manquera pas de se positionner comme un candidat antisystème pour tenter de rallier une partie de la jeunesse. Toutefois, le déficit d’image et de notoriété sur le plan national pourrait s’avérer préjudiciable à sa candidature. En outre, ses tergiversations sur le renoncement de son mandat de maire pour cumul de fonctions ont semblé refroidir beaucoup de patriotes. En outre, la répression et l’emprisonnement des cadres de Pastef a fortement réduit la force de frappe du parti qui doit s’employer à mettre en œuvre une nouvelle politique de redynamisation avec des entités qui étaient intégrées au sein de l’exPastef.

Guy Marius Sagna : Le député du peuple

Le nouveau député du peuple s’est illustré à l’Assemblée nationale par son intransigeance et sa perspicacité dans les débats au sein de l’hémicycle. Guy Marius Sagna, qui fait ses gammes au sein du mouvement associatif Frapp/France dégage, s’est forgé une carapace de lutteur infatigable et d’une importante capacité oratoire capable de galvaniser les foules. Ce travailleur social se veut un chevalier blanc et entend lutter contre toute forme d’injustice autour de différents combats qui lui tiennent à cœur : défense des droits civiques, des salariés, des étudiants, des villageois, de l’environnement… Guy Marius Sagna, ex-militant du Rassemblement des travailleurs africains-Sénégal (RTA-S) et activiste a fait de la lutte pour les droits de ses concitoyens son cheval de bataille. Une candidature de l’ex-parti Pastef portée par Guy Marius Sagna aura aussi l’avantage de ne pas souffrir d’un déficit d’image et de bénéficier d’une certaine notoriété. Néanmoins, sa rigidité et ses positions radicales sur un certain nombre de questions peuvent s’avérer comme un obstacle. L’ex-Pastef est membre de YAW qui est aussi composée par un enchevêtrement de diverses forces politiques dont il faut ménager les intérêts et les susceptibilités. De ce fait, son caractère irréductible et inflexible pourrait s’avérer préjudiciable pour faire l’unanimité autour de sa candidature. Son passé d’activiste peut aussi nuire à sa candidature en suscitant l’hostilité du patronat et des milieux d’affaires étrangers qui n’ont pas oublié ses positions anti-françaises et contre le franc CFA.

Bassirou Diomaye Faye : Monsieur n°2

Le président des cadres de l’exPastef, Bassirou Diomaye Faye, le secrétaire général et n°2 du parti apparaît comme le successeur naturel d’Ousmane Sonko. Cet inspecteur des impôts et domaines, connu pour son calme et sa rigueur dans les dossiers, est investi au sein du parti depuis ses débuts. Bassirou Diomaye Faye, emprisonné depuis le 14 avril pour diffusion de fausses nouvelles, outrage à magistrat et diffamation envers les magistrats, est désormais marqué du sceau du martyr. À l’instar de son leader qui mène une grève de la faim, il apparaît comme un potentiel successeur à Ousmane Sonko. Cet homme politique originaire de Ndiaganiao peut bénéficier du soutien de l’appareil du parti. Sa jeunesse (la quarantaine) pourrait constituer un atout majeur pour séduire l’électorat jeune. L’inspecteur des impôts affirme que son entrée en politique est une surprise. “Il ne me traversait pas l’esprit de faire de la politique”, a-t-il affirmé. Très proche d’Ousmane Sonko qu’il a côtoyé au sein du syndicat des impôts et domaines, il pourra rapidement être adoubé par les cercles proches du maire de Ziguinchor qui verraient en lui un continuateur du combat de Sonko. Bassirou Diomaye Faye trouve que combattre l’injustice est un sacerdoce. D’où son intransigeance à maintenir le cap des réformes que voulait initier Ousmane Sonko. Toutefois, sa défaite lors des élections locales à Ndiaganiao est une tache sur sa légitimité politique et sa capacité à mobiliser autour de son nom. Ce débatteur hors pair doit d’abord se départir de l’affaire judiciaire qui le maintient toujours en détention depuis avril dernier. En outre, la déstructuration des entités de l’ex-Pastef pourrait aussi constituer un handicap pour la candidature de l’ancien pensionnaire du lycée Demba Diop de Mbour. Son image de technocrate et son handicap oratoire pourraient aussi le désavantager dans une élection présidentielle où la personnalité du candidat est primordiale afin de mobiliser l’électorat.