NETTALI.COM -L’affaire de la fausse disparition d’une femme «enceinte de 9 mois» a été évoquée,  vendredi 25 août 2023, par le Tribunal des flagrants délits de Pikine-Guédiawaye. A la barre, Mame Fama Coundoul, Oumou Ndao, Mame Diarra Sène et Amadou Wellé ont fait face à l’accusation qui leur reproche les délits «d’association de malfaiteurs, de faux et usage de faux, de menaces de mort, de violence et voies de faits» et de complicité de ces chefs.

Maman Coundoul. Ce nom a été sur la bouche de presque tout le monde. Sa photo, faisant le tour des réseaux sociaux, chacun se demandait qui avait pu kidnapper cette femme «enceinte de neuf (9) mois». Seulement, les jours suivant l’annonce de sa disparition ont flanqué un coup de massue aux Sénégalais qui se sont rendus compte que la femme avait simulé une grossesse, un kidnapping avec la complicité de personnes qui l’ont aidée à rendre plausible son scénario. Hier, à la barre du Tribunal des flagrants délits de Pikine-Guédiawaye, Mame Fama Coundoul,  qui n’était identifiable qu’avec sa photo d’avis de recherches, a fait face au juge. Qui, avec ses complices, Amadou Wellé et Oumou Ndao, les a écoutés raconter leur version sur cette affaire d’association de malfaiteurs, faux et usage de faux, menaces de mort et voies de faits avant de les condamner à une peine de six (6) mois, dont un (1) mois de prison ferme.

Le retard de 4 mois, le test positif, la douleur du retour des règles

Et c’est Maman Coundoul qui commence. Dans une salle d’audience pleine à craquer, elle revient sur le film de sa déchéance. Tout a commencé lorsqu’elle a eu un retard de règles de quatre (4) mois. Pour avoir la confirmation de ses doutes, elle dit avoir effectué un test de grossesse qui, se souvient-elle, a été positif. Habituée, depuis le début de son mariage, à des fausses couches, Maman se dit être aux anges et avait hâte d’annoncer la bonne nouvelle à son mari. Oumar Coundoul, émigré résidant en Espagne, était -lui aussi- fou de joie. Seulement, le bonheur sera éphémère. Le mois suivant, ses menstrues se pointent. Maman, dont le mari est son cousin, semble être dans le déni. Elle imagine un plan loufoque tout en continuant à se faire passer pour une femme enceinte. Son mari ne pouvait plus cacher sa joie et passait son temps à la couvrir de cadeaux. Toujours dans son récit, elle dit avoir échangé avec une de ses amies qui la met en rapport avec  Oumou Ndao et Amadou Wellé.  La première devait lui trouver un médecin capable de lui signer des documents médicaux (échographie et analyses) prouvant sa grossesse. Le justificatif médical lui coûte trente cinq mille (35 000) FCfa. Il porte le cachet d’un mystérieux Docteur Cissé qui exercerait à l’hôpital Abass Ndao. Lesdits documents ont été remis à Maman par un conducteur de moto «Thiak Thiak». A Amadou Wellé (35 ans), Maman lui fait croire être «maltraitée et torturée» par son mari et désirait divorcer. Face au désarroi de la dame, il accepte de l’aider. Il devait donc coller une maîtresse au mari de Maman. Wellé en parle à Oumou Ndao qui réclame trente (30 000 FCfa). Elle ne reçoit que quinze mille (15 000) FCfa. Avant la mise en œuvre, le deal éclate, faute de compensation.

Le Procureur : «C’est un tissu de mensonges concoctés par Mame Fama Coundoul pour emballer le Sénégal»

Maman Coundoul qui voyait sa fausse grossesse «avancer», passe au plan  B.  Elle  paie vingt mille (20 000) FCfa à Amadou Wellé et lui demande, cette fois, d’acheter une puce avec laquelle, le maître-chanteur avait reçu instruction d’appeler Oumar Coundoul pour le menacer  de mort, de faire disparaître sa femme et son futur bébé. Wellé s’exécute et jette la puce à Mbao, après avoir fini sa besogne. Ça ne règle pas pour autant le problème de la fausse grossesse, surtout que la naissance de l’héritier Coundoul était vivement attendue. Après avoir passé la nuit du 13 au 14 août à réfléchir sur son avenir, la bonne dame câble Oumou Ndao, après avoir tenté, dans un premier temps, de louer un appartement à Keur Massar. A sa nouvelle amie, qui l’avait déjà aidée, elle dit vouloir passer la journée chez elle. Très tôt, dans la matinée du lundi 14 août, la femme «enceinte» organise sa disparition à la suite d’une promenade matinale. La nouvelle parcourt les réseaux sociaux et alimente les rumeurs les plus folles.  La Police et la Gendarmerie entrent vite dans la danse et l’exploitation des appels et messages effectués par Maman et Amadou Wellé les orientent sur des pistes. Avant la tombée de la nuit, le deal éclate. Le lendemain, la  femme «kidnappée» est retrouvée à Castors chez sa copine Oumou Ndao. Amadou Wellé est arrêté à Sébikotane. Tout ce beau monde est rejoint au poste de police de Wakhinane-Nimzatt par Mame Diarra Sène, qui n’a joué qu’un rôle insignifiant dans l’affaire. La bande à Maman Coundoul ne niant pas les faits, le Procureur qui parle d’un «tissu de mensonges concocté par Mame Fama Coundoul pour emballer le Sénégal», s’est par ailleurs  montré clément. Il a demandé la relaxe pour tous, concernant l’association de malfaiteurs. Les différents avocats de la défense ont plaidé l’innocence pour leurs clients et sollicité l’application bienveillante de la loi. Finalement, le tribunal a condamné Mame Fama Coundoul, Amadou Wellé et Oumou Ndao à six mois, dont un mois de prison ferme, pour association de malfaiteurs, faux et usage de faux, menaces de mort, violence et voies de faits,  et complicité de ces chefs d’accusation.