NETTALI.COM - Le pool d’avocats d’Ousmane Sonko a organisé une conférence de presse ce jeudi pour se prononcer sur le déroulement du procès de leur client avec Mame Mbaye Niang et le verdict du tribunal correctionnel de Dakar. Rappelons qu’Ousmane Sonko a été condamné à 2 mois assortis du sursis et à 200 millions de dommages et intérêts.

Les avocats d’Ousmane Sonko  sont unanimes : la manière dont le procès s’est déroulé ne répond pas aux normes. Selon eux, leur client a été violenté, gazé et ses droits ont été bafoués.

Maître Bamba Cissé, un des avocats du maire Ziguinchor, est allé plus loin. Il redoute le syndrome Khalifa Sall. L'ancien maire de Dakar "a été condamné le 30 mars 2018, à cinq ans de prison. En juillet 2018, sa peine a été confirmée en appel et en décembre, la cassation est intervenue pour confirmer l'arrêt. En janvier, sa candidature a été déclarée irrecevable", a-t-il rappelé.

"Nous avons très vite compris que la position de principe du parquet, qui relève appel d'une décision qui oppose deux privés, c'était simplement pour essayer d'écarter quelqu'un de la course (à la Présidentielle) parce que l'appel de la partie civile, Mame Mbaye Niang, ne peut porter que sur ses intérêts civils. Seul l'appel du parquet peut remettre en cause les dispositions pénales du jugement. Cela résulte des dispositions de l'article 503 du Code de procédure pénale", ajoute-t-il ;

Selon Me Bamba Cissé, l'appel interjeté par le procureur paraît donc dangereux pour le principal opposant de Macky Sall, selon Maître Bamba Cissé. "Seul cet appel peut permettre de corser la peine. On passera donc de deux à trois mois et si on est à trois mois, Ousmane Sonko ne sera pas candidat. S'il est condamné à une amende supérieure ou égale à 200 mille francs, il ne sera plus candidat, si la cassation confirme la position de principe du parquet. Donc on est dans une pente dangereuse". Et, pense-t-il, "il y a fort à craindre que dans les meilleurs délais, l'appel soit enrôlé, que la peine soit aggravée et que la cassation confirme cela pour qu'en définitive, le président Ousmane Sonko ne soit pas candidat à la compétition majeure de 2024".

L'avocat du leader du Pastef regrette l'utilisation de la justice dans des règlements de comptes politiques. "Il ne faudrait pas qu'on utilise la justice pour rendre inéligible un adversaire politique. Il faudrait également que l'on respecte le calendrier judiciaire. Nous nous sommes amusés à revisiter l'agenda des audiences de la Cour d'appel et nous nous sommes rendu compte, ce matin, que les affaires évoquées à l'audience dataient d'un ou deux ans. Rares sont les affaires qui sont évoquées cette année. Si elles sont enrôlées, c'est qu'elles étaient évoquées en janvier et donc elles ont été enrôlées quatre ou cinq mois plus tard. Or, si on respecte cela, ne serait-ce que par principe de l'enrôlement normal des dossiers, personne ne peut avoir le temps d'invalider une candidature. Donc, gérons les dossiers normalement", note l’avocat qui plaide pour que "justice soit rendue dans les règles de l'art". 

Le leader de Pastef, Ousmane Sonko, a été condamné le 30 mars dernier à 2 mois assortis du sursis et à 200 millions de dommages et intérêts dans l’affaire en diffamation qui l’oppose au ministre du tourisme. Le procureur de la république et Mame Mbaye Niang ont interjeté appel.