CONTRIBUTION - L’Afrique a toujours été une source de grande convoitise pour le reste du monde. Ainsi, après le sommet Chine-Afrique, France-Afrique, Russie-Afrique Turquie-Afrique entre autres, les États-Unis s’intéressent de nouveau au continent. Il faut dire que le contexte mondial n’est pas à dissocier d’une certaine forme de convoitise ou de même de compétition de charme vis à vis de ce continent qui regorge encore, d’importantes ressources naturelles et humaines, malgré des siècles d’exploitation.

De plus, les perspectives démographiques marquées par une jeunesse dynamique, moteur d’une économie en pleine explosion, font de l’Afrique un des plus importants marchés du futur en terme de taille et de potentiel économique. Plus de soixante pour cent de la population Africaine a moins de 25 ans. Ce qui équivaut à 850 millions de jeunes africains. Un chiffre qui pourrait atteindre plus de 1.2 milliards de personnes d’ici 2050.

Et selon Anthony Blinken, chef de la diplomatie américaine, d’ici 2030, deux personnes sur cinq seront Africains.

C’est dans ce contexte que s'est tenu à Washington, la deuxième édition du "USA-Africa leaders summit 2022" du 13 au 15 décembre 2022.
Contrairement à la première édition, organisée sous l’administration Obama en 2014, qui avait réuni 50 des 54 chefs d'États africains, cette année seuls 49 chefs d'États ont été conviés par l’administration Biden.

Sur la page officielle du sommet, une citation du président Américain lance les bases de cette rencontre de haut niveau : "Je suis impatient de travailler avec les gouvernements africains, la société civile, les communautés de la diaspora à travers les États-Unis et le secteur privé pour continuer à renforcer notre vision commune de l'avenir des relations américano-africaines".

Entre panels, discussion, réunions de jeunes leaders du continent et de la diaspora, rencontres bilatérales avec les autorités américaines, un programme chargé a été servi aux leaders africains durant ce sommet. Les discussions ont tourné autours des questions liées à la santé, à la sécurité, du financement, des énergies renouvelables, des nouvelles technologies, du sport et de l'entrepreneuriat entre autres sujets.

Parmi les engagements pris par l’administration américaine durant ce sommet, on peut citer :

- Une promesse de 55 milliards de dollars d'investissement sur cinq ans.

- Plus d’1 milliard de dollars dédié à l'éducation et à la jeunesse d’ici deux ans à travers des programmes axés sur la science, les nouvelles technologies et à l’extenstion du programme YALI (Young African leaders initiative). Ce dernier, qui a débuté en 2010, permet à des jeunes africains de venir aux États-Unis pendant six semaines pour étudier dans des universités américaines.

D'après la vice-présidente Kamala Harris, plus 640.000 personnes ont participé à ce programme, créant ainsi un réseau important de jeunes leaders africains sur le continent avec des centres régionaux au Sénégal, au Ghana et en Afrique du Sud.

- Le lancement d’un programme intitulé Initiative pour le commerce et l’investissement des femmes africaines.

- La signature d’un decret présidentiel pour la création d’un Conseil consultatif du président sur l'engagement de la diaspora africaine aux États-Unis

- La mise en place d’une zone de libre d’échange continentale africaine pour un marché avoisinant plus de 1.3 milliards de personnes

- La signature d’un Millenium challenge corporation M.C.C en faveur du Bénin et du Niger pour un investissement de 500 millions de dollars en faveur de la construction d’infrastructures routières.

- Un financement de $370 millions de dollars pour des projets innovants dont 100 millions de dollars en faveur de projets dans le domaine des énergies renouvelables en Afrique subsaharienne, 20 millions de dollars pour financer l’achat d’engrais en faveur des agriculteurs. Et un fond de $10 millions de dollars pour les petites et moyennes entreprises.

- Le lancement d’une nouvelle initiative pour la transformation digitale de l’Afrique avec un financement de 500 millions de dollars.

En plus des engagements pris par l’administration Biden, des entreprises privées américaines ont aussi signé des accords de financement et de partenariat avec des entreprises africaines. Parmi ces accords on peut citer :

- Un accord de 800 millions de dollars entre Cisco system, une entreprise américaine et Cy-Sebastian, une enterprise dirigée par des ressortissants de la diaspora africaine.

- Un projet d’investissement d’un milliards de dollars prévu sur cinq ans dans le domaine des payements mobiles prévu par la multinationale Visa.

- Et enfin un investissement de 80 millions de dollars dans le domaine de la santé financé par General Electric et Standard Bank.

Au total, c’est plus de 15 milliards de dollars d’investissement qui seront investis en direction du continent au cours des prochaines années, à travers ce que le président Biden appele "The new deal" ou bien "The biggest deal of all" c’est à dire le plus grand accord de tous, en référence peut-être à des accords avec d’autres puissances.

En conclusion, toutes ces promesses d’engagements financiers témoignent encore une fois de plus de l’appetit que suscite l’Afrique et de son importance pour les puissances occidentales, du fait de ces multiples richesses.

Cependant, est-ce que l’Afrique saura s’organiser afin de tirer profit de tous ces accords tantôt cités pour sortir sa population de la pauvreté et offrir à sa jeunesse de meilleures perspectives d’avenir à travers la création d’une vraie chaine de valeur?
Plus précisément, est ce que les fonds alloués contribueront au développement de l’economie via la transformation de ses matières premières en lieu et place de l’exportation de ressources naturelles brutes?

Demba Ndiath,
Directeur The African Dream Media Group