NETTALI.COM - Trafic de passeports, règlement intérieur falsifié, mauvais comportement de certains députés, entre autres sujets, ont été évoqués devant le jury du Dimanche. Me Oumar Youm annonce l’ouverture d’une enquête par rapport au faux règlement intérieur. Le président du groupe parlementaire Bennoo Bokk Yaakaar invite ses collègues à changer leur comportement afin de représenter dignement le peuple. 

L’affaire du  « faux règlement intérieur » qui alimente les débats à l’hémicycle a été abordée à l’émission « Jury du dimanche » par le président du Groupe parlementaire de la majorité Benno Bokk Yakaar (BBY). A en croire Me El Hadj Oumar Youm, une enquête a été ordonnée par le président, Amadou Mame Diop, pour avoir des éléments de réponse. « S’il y a des responsabilités à situer, c’est au niveau de la 13ème législature. Il faut simplement dire que ce règlement intérieur qui est incriminé est un règlement intérieur édition 2021. Nous sommes venus à l’Assemblée nationale et installés officiellement le 12 septembre 2022. Ce n’était pas sous cette 14e législature », a-t-il dit.

«Le président de l’Assemblée nationale, interpellé officiellement, a saisi l’administration qui était sur place aux fins d’instruction de ce dossier. Il attend le retour de l’administration sur certains éléments de réponse», dit-il.

Le député Mamadou Lamine Diallo a annoncé une plainte. Et Doudou Wade accuse les députés de la 13e législature, en complicité avec des membres de l’administration de l’Assemblée nationale, d’avoir effectivement falsifié le règlement intérieur pour remettre en selle tous les attributs dévolus au Premier ministre. Selon l’ancien président du groupe parlementaire, le chef de l’Etat doit porter plainte.

Mais selon l’invité du JDD, il n’y aura aucune suite. Parce que, explique-t-il, un règlement intérieur ne peut pas être par essence falsifié. «Ce qu’il faut comprendre, c’est qu’une impression peut contenir des erreurs matérielles ou des redondances. Mais, en lui-même le règlement intérieur, c’est des lois, notamment une loi organique qui date de 2002, qui a été modifiée en 2008, modifiée à nouveau en 2010, puis en 2015, en 2019. Donc, ces lois-là intrinsèquement votées par l’Assemblée nationale, portant règlement intérieur de l’Assemblée nationale, ne peuvent pas être modifiées. C’est des lois qui ont été déjà votées par l’Assemblée nationale qui existent aux archives. C’est presque la copie collée de la Constitution en tout cas dans ses rapports entre l’Assemblée nationale et le Gouvernement surtout après la restauration du poste de Premier ministre en 2021 », précise-t-il.

Me Youm invite les députés à « parfaire leur image »

Par ailleurs, le parlementaire a évoqué les scandales qui ont marqué l’ancienne législature pour inviter ses collègues à revoir leur comportement. « Les députés doivent s’améliorer dans leurs comportements, leurs ports, leurs manières de faire dans les débats. Ils doivent être dans la courtoisie, être moins violents, moins belliqueux. Les institutions publiques doivent montrer le bon exemple », a soutenu Me Youm. Et d’ajouter : « le peule attend que ses représentants soient des modèles. Sinon, il va perdre confiance. C’est ce point-là qu’il faut effectivement condamner. Parce que, pour moi, un député, il y a des choses qu’il doit éviter. Quelqu’un qui a un mandat public doit faire des efforts de probité, d’intégrité, de transparence, de droiture. »

Soulignant que « certains comportements ternissent l’image de l’Institution », le député soutient toutefois qu’il «  reste aussi que ce sont des membres de notre société. » Comme pour dédouaner ses collègues, il déclare : « c’est regrettable, mais ce n’est pas que chez nous. Il suffit de regarder les faits divers pour voir tout ce que la Douane fait, sur les saisies de faux médicaments, sur les faux billets, qui ne concernent pas que les députés. Cette législature, c’est la 14e législature. Il faut voir le niveau d’incident par rapport à ça pour juger l’Institution de manière globale. Je ne suis pas là pour dédouaner. C’est 165 députés, si on prend les deux législatures, c’est plus de 300 qui sont concernés. Si pour une année, deux ou trois personnes sont concernées par des incidents condamnables, regrettables, on doit dire qu’il y a quand même un sursaut à faire », argumente le parlementaire.

C’est pourquoi, il pense qu’on ne doit pas juger l’institution et les députés de manière générale en se basant simplement sur certains faits. « C’est quand même aller trop loin. Cependant, on doit, à partir des partis politiques, faire la formation des hommes politiques mais aussi de redoubler de vigilance au niveau de l’école. Je dis souvent que notre école, ce n’est pas pour avoir des journalistes, des avocats, des spécialistes en tout genre, mais d’avoir des citoyens modèles d’abord », a-t-il ajouté.

Avant de conclure : « donc, on doit faire l’effort de réconcilier l’école avec les valeurs civiques et citoyennes. C’est un effort à faire de manière générale. Quand on voit l’environnement socio-économique du Sénégal, on voit qu’il y a beaucoup de dérapages. Ce n’est pas qu’à l’Assemblée. C’est dans les partis, quand on regarde les télévisions, quand on écoute les radios, on se rend compte qu’il y a un décalage ».