NETTALI.COM - Abdourahmane Gaye, la seule victime sénégalaise du régime de Hissène Habré, a lancé un appel à l’endroit du chef de l’État pour qu’il puisse faire bouger les choses afin qu’il soit indemnisé, comme c’est le cas pour les Tchadiens.

L’unique victime sénégalaise vivante de Hissène Habré, Abdourahmane Gaye, interpelle le chef de l’État. Il veut être indemnisé. «De Dakar, j’ai appris de bonnes nouvelles sur la situation des victimes de Habré concernant les indemnisations. Le Tchad a débloqué 10 milliards F CFA pour indemniser les victimes. Donc, en tant que victime sénégalaise, j’interpelle notre chef de l’État, qui est par ailleurs Président en exercice de l’Union africaine, à accélérer le processus pour qu’on puisse être indemnisé. Je sais que le Sénégal a fait l’effort de juger Habré. Ce qui est déjà une bonne chose, puisque pour la première fois qu’on juge un ancien dictateur africain en Afrique. Je lui envoie ce message pour que le Sénégal fasse le même geste que le Tchad. C’est tout ce que je lui demande. Nous attendons cette indemnisation depuis longtemps et nous pensons qu’il est temps que cette injustice soit réparée, afin qu’on puisse passer à autre chose. Il a une double casquette et nous comptons sur lui. Nous voulons juste que notre pays fasse un geste comme le Tchad’’, a soutenu M. Gaye qui s’est confié à ‘’EnQuête’’.

Selon lui, toutes les victimes demandent un montant de 82 milliards F CFA. Le Tchad a donné 10 milliards. Il y avait un montant qui reste du fonds pour le jugement de Habré. Les bailleurs de fonds aussi vont mettre la main à la poche. C’est pour cela qu’il soutient que le Sénégal aussi doit faire bouger les choses. Au total, il y a plus d’un millier de victimes, mais l’essentiel n’est plus de ce monde. «L’autre victime est décédée. Moi, je commence à prendre de l’âge ; J’ai 76 ans. Donc, nous attendons cette indemnisation. Nous pensons qu’il va faire ce que nous lui demandons. S’il donne sa contribution, les autres vont suivre, surtout quand il parle avec les autres pays. Il faut juste de la volonté pour y arriver. J’ai demandé à plusieurs reprises à rencontrer le président de la République à travers une audience, en vain. Je voudrais lui exposer le problème en face, mais aucune suite ne m’a été donnée dans ce sens, malgré moult lettres de demande d’audience’’, a-t-il indiqué.

Pour rappel, en 1987, en tant qu’homme d’affaires, lui et Demba Gaye étaient partis en Centrafrique. Puisqu’ils travaillaient avec l’armée sénégalaise, ils devraient leur rendre les commandes en or et diamant qu’ils avaient demandé. Ils devraient les retrouver au Tchad. Sauf qu’ils ont été interpellés par les milices de Habré dès qu’ils sont descendus de l’avion de l’armée française pour des formalités. Ils ont perdu tous leurs biens, confisqués par les milices. Il a fallu que leurs familles saisissent le khalife général des mourides d’alors, en la personne de Serigne Abdoul Ahad Mbacké qui, à son tour, a interpellé le président Abdou Diouf pour qu’on puisse les libérer. Il avait saisi son homologue Habré. À l’époque, c’était Ibrahima Fall qui était le ministre des Affaires étrangères.