CONTRIBUTION - Au Sénégal, la rentrée scolaire n’est pas un moment de tranquillité pour les chefs de famille. Ils sont généralement laissés à la merci des établissements scolaires privés. Dans ce marché aux allures d’un grand bazar, chacun fait ce que bon lui semble. Il est dès lors difficile d’opposer une quelconque résistance à ces rentiers d’un genre nouveau.

Au Sénégal, la rentrée scolaire n’est pas un moment de tranquillité pour les chefs de famille. Ils sont généralement laissés à la merci des établissements scolaires privés.
Dans ce marché aux allures d’un grand bazar, chacun fait ce que bon lui semble. Il est dès lors difficile d’opposer une quelconque résistance à ces rentiers d’un genre nouveau.
L’enseignement privé, un business florissant. La foultitude de Groupes scolaires, établissements, écoles ou instituts privés dans le pays montre à suffisance que ce marché est rentable.
Certains ont pignon sur rue dans un environnement insalubre, inadapté à une éducation de qualité. Des encadreurs d’un niveau douteux y font la loi. Pour couronner le tout, ils font tous du 100% dans tous les examens et concours (probablement une publicité mensongère).

Entre inscriptions, fournitures, transport, restauration, et habillement, on ne sait plus à quel calepin se fier. Quand pour inscrire votre enfant (l’éducation étant un droit consacré), on vous réclame : des frais d’inscriptions, des frais généraux, des frais divers, le premier mois de la scolarité, l’uniforme, les fascicules pour l’informatique et l’Anglais. etc, c’est à y perdre son latin. Aucune réglementation n’est faite. Chaque
école privée fixe ses propres règles. D’un établissement à l’autre, les coûts varient. Et les écarts peuvent être énormes. Les parents subissent la loi des privés.
L’Etat ne semble pas préoccupé par les abus. Dont sont victimes les parents d’élèves. La preuve, en 2020 lors de la Covid 19 (année scolaire amputée de plusieurs mois) les parents se sont acquittés de mois de scolarité qui n’avaient pas été dispensés. L’association des parents d’élèves de l’Ecole Dior en sait quelque
chose (elle avait intenté un procès, mais sa plainte avait été déclarée irrecevable).
A cette époque plusieurs établissements avaient fait de la rétention des bulletins de notes, des certificats de scolarité, des livrets scolaires... pour exiger le paiement… d’arriérés de mensualités… dont les cours n’ont jamais été dispensés. L’Etat en toute connaissance de cause n’a rien fait.

Mr le Président… Les sénégalais cherchent le diable pour lui tirer la queue… De quelles ressources dispose un sénégalais moyen pour prendre en charge toutes les dépenses auxquelles il est astreint quotidiennement ?

Avec l’inflation continue que connait notre pays, des milliers d’enfants risquent de quitter l’école au grand dam du Sénégal. Faute de moyens.
L’image désolante d’enfants traînant dans la rue ou aidant leurs parents dans la vente de petits produits a encore de beaux jours devant elle.
Il est temps que les structures étatiques soient activées pour mettre de l’ordre dans ce secteur vital du développement…car la première richesse d’un pays reste le capital humain. Quand nos enfants seront bien formés, le Sénégal émergera.
Les ministères de l’éducation nationale, du commerce et des finances sont interpellés pour une réglementation et une régulation du secteur. Les chefs de famille n’en peuvent plus. La ceinture qu’on sert est proche de la rupture…

Jadis adulés…aujourd’hui honnis

Le coût élevé de l’éducation au Sénégal ne garantit pas de meilleurs résultats. Le niveau de nos élèves baisse d’année en année. La qualité de l’enseignement laisse à désirer.
Il y a une nécessité de revoir les curricula et de raccourcir les cycles scolaires (On passe trop de temps entre la maternelle et l’élémentaire).
La formation des formateurs également doit être revue. Tous les acteurs du secteur sont d’avis que le niveau des enseignants a baissé. Il est évident qu’il faut changer de paradigmes et adapter la formation aux exigences de l’heure avec une prise en compte de l'éthique et de la déontologie. Mais surtout éviter d’escamoter la formation initiale qui est passée de 4 ans à 3 ans voire même 1 an, 45 jours ou même 9 mois au besoin. L’enseignant d’aujourd’hui n’est pas le modèle de son élève…il y a comme une sorte de dévalorisation de cette profession…

L’école publique doit être la locomotive de l’enseignement

Après le pain, l’éducation est le premier besoin d’un peuple, Georges Jacques Danton (écrivain du 18 e siècle)…vous devez mobiliser tout votre temps et votre énergie pour trouver une issue heureuse à l’éducation de nos enfants qui incarnent l’avenir du pays.
Si l’état veut sauver l’école sénégalaise, il doit s’investir davantage dans ce secteur et prendre à bras le corps tous les problèmes qui plombent l’éducation au Sénégal.
Et cette volonté politique doit être impulsée par vous Monsieur Président. Si vous même êtes devenu ingénieur, vous le devez à l’école publique. Il faut inverser la tendance pour arriver à un système scolaire performant. L’école publique doit être le premier choix. Le privé étant un appoint. L’école publique doit reprendre ses lettres de noblesse…qu’elle n’aurait jamais dû perdre.

Des lycées d’excellence doivent exister dans chaque région…c’est à ce prix seulement qu’on débouchera sur un peuple capable de se prendre en charge. Le peuple vous écoute depuis votre prise de pouvoir. Mise à part la satisfaction de certains points de la plateforme revendicative des enseignants, qu’avez-vous
fait pour l’école sénégalaise ? L’histoire récente du Sénégal retient de votre prédécesseur, qu’il a ouvert des collèges et des lycées un peu partout dans le pays.
Plus personne ne quitte son patelin pour aller squatter la demeure d’un lointain parent ou d’un ami douteux de son pater pour poursuivre ses études au Lycée...

Monsieur le Président beaucoup d’établissements sont tombés en ruine ou sont dans un état de délabrement indescriptible.
A Saint-Louis que je connais le mieux beaucoup d’écoles, qui avaient accueilli les premières élites du pays, sont fermées…parce que délabrées…Pêle-mêle on en peut citer l’ex collège Neuville, Léontine Gracianet, Cheikh Touré, Khayar Mbengue, Fara Mbodji ex. Ecole de Sor, Abbé Boilat…j’en oublie…
Les abris provisoires sont devenus pérennes. Dans le Sénégal des profondeurs, il y a beaucoup d’élèves qui rêvent de tables-bancs. L’image des enfants, dans le Kolda, assis sur des nattes travaillant sur des briques faisant office de tables bancs est encore vivace dans les esprits.
Monsieur mettez fin à la récréation et à la pagaille…

Alioune Badara FALL (ABF)
Journaliste