CONTRIBUTION - S'il y a quelque chose qui garde nos sociétés dans leur position de toujours (derrière les derniers), c'est que, face à ces situations têtues nous préférons participer à la série de condamnation collective, à l'acharnement tout court, au moment où l'urgence devrait être faire une auto-interrogation pour avoir des réponses sincères, justes et objectives.

Si l'on se base sur la forme, l'irresponsabilité des étudiants dont nous parlons tous, prend tout son sens, parce qu'ils ont abusé de la confiance de toute une administration, et la trahison est intolérable aux quatre points cardinaux. Ainsi, ils peuvent ternir l'image de l'établissement et privent peut-être à leur successeur, ce voyage d'étude découverte qui devrait leur permettre de voir de leurs propres yeux, un système performant bâti par des humains comme eux, en revenant resserrer leurs ceintures pour faire bouger ce continent qui reste statique.

Mais une analyse sur le fond devrait permettre une interrogation sur notre situation quotidienne en tant que jeune et tous les obstacles que nous sommes contraints de contourner pour arriver à une destination qui n'est pas la délivrance mais le prolongement de notre souffrance.

Une souffrance sans lendemain prometteur bien sûr. Celui qui souffre en ayant un rêve ou une dose d'espoir même insignifiante ne peut pas être synonyme de quelqu'un qui mène une lutte sans trêve pour ne pas garder espoir sur ce continent.

"Il faut lutter contre la désespérance" ainsi parlait Fatou Diome et elle disait aussi que" Nos dirigeants ne peuvent pas continuer à former des générations entières et ne pas leur donner du travail."

Aimé Césaire dans son "discours sur le colonialisme" avait démontré que ce qu'il reprochait aux colons ce n'est pas le fait d'avoir occupé nos pays, mais le fait d'avoir créé une crise de l'initiative.

Amusons-nous à faire un sondage dans notre entourage, les résultats pourraient être similaires. 4 jeunes sur 5 et tous les cinq même parfois nourrissent le rêve de quitter ce continent sans espoir, car pour eux, cet environnement n'est pas adéquat pour rêver et réussir. Et le contraire serait difficile à prouver.

À la place des jugements, insultes ou condamnations, essayons de privilégier l'analyse pour toucher le fond du problème. Ceux qui méritent des leçons ou des condamnations abusives sont d'abord nos dirigeants qui continuent de transformer en cauchemar le rêve d'une jeunesse, certes perdue mais plein d'espoir.

Tout en rappelant à tous ces jeunes qui partent dans les mêmes circonstances à la recherche d'une survie, que se sauver tout seul n'est pas toujours la bonne option, parfois il faut essayer d'avoir le même courage et faire partie de ces gens qui feront face à ces dirigeants responsables de notre situation pour la changer. Refusons de déléguer nos combats et luttons peu importe notre statut, notre condition où que nous soyons.
#etudiantsIamdisparusenfrance

LAMIN AL'AMIIN JÓOB Journaliste, communicateur digital, chroniqueur,