NETTALI.COM - L'humanité n'est qu'à "un malentendu" de l'"anéantissement nucléaire", a mis en garde lundi le secrétaire général de l'ONU, réveillant un parfum de Guerre froide tandis qu'Etats-Unis, Royaume-Uni et France appelaient la Russie à mettre un terme à sa "rhétorique nucléaire".

Décrivant des crises qui "s'enveniment, avec des tonalités nucléaires", du Moyen-Orient à la péninsule coréenne et à l'invasion de l'Ukraine par la Russie, Antonio Guterres a largement exprimé ses craintes d'une escalade.

"Nous avons été extraordinairement chanceux jusqu'à présent. Mais la chance n'est pas une stratégie ni un bouclier pour empêcher les tensions géopolitiques de dégénérer en conflit nucléaire", a-t-il déclaré à l'ouverture d'une conférence des 191 pays signataires du traité de non-prolifération nucléaire (TNP).

Une inquiétude partagée par le président de cette conférence qui se tient jusqu'au 26 août au siège des Nations unies à New York.

"La menace posée par les armes nucléaires (...) est revenue au même niveau que pendant la Guerre froide", a ainsi déclaré l'Argentin Gustavo Zlauvinen.

"Si nous avons appris quelque chose de la pandémie, c'est que les événements à faible probabilité peuvent se produire, avec un préavis réduit ou sans préavis, avec des conséquences catastrophiques pour le monde. C'est la même chose pour les armes nucléaires", a-t-il ajouté.

Alors cette réunion des parties au TNP, reportée plusieurs fois depuis 2020 en raison du Covid-19, est une "opportunité de renforcer ce traité et de le mettre en adéquation avec le monde d'aujourd'hui", a déclaré Antonio Guterres, espérant une réaffirmation de la non utilisation de l'arme nucléaire mais aussi de "nouveaux engagements" pour réduire l'arsenal.

"Eliminer les armes nucléaires est la seule garantie qu'elles ne seront jamais utilisées".

- Guerre nucléaire ingagnable -

"Près de 13.000 armes nucléaires sont stockées dans les arsenaux à travers le monde. A un moment où les risques de prolifération grandissent et les gardes-fou pour prévenir cette escalade faiblissent", a-t-il insisté.

Début janvier, les cinq membres du Conseil de sécurité (Etats-Unis, Chine, Russie, Royaume-Uni et France), également puissances nucléaires, s'étaient engagées à "prévenir la poursuite de la dissémination" nucléaire, juste avant un nouveau report de la conférence d'examen. Et avant l'invasion de l'Ukraine par la Russie.

Lundi, Etats-Unis, Royaume-Uni et France ont réaffirmé cet engagement dans une déclaration commune, réaffirmant qu'"une guerre nucléaire ne peut pas être gagnée et ne doit jamais avoir lieu".

Mais les trois puissances nucléaires ont également pointé du doigt la Russie, l'appelant à respecter ses engagements internationaux.

"Suite à l'agression non provoquée et illégale de la Russie contre l'Ukraine, nous appelons la Russie à cesser sa rhétorique nucléaire et son attitude irresponsable et dangereuse", ont-ils ajouté.

Le président américain Joe Biden a de son côté appelé la Russie et la Chine à entamer des pourparlers sur le contrôle des armements nucléaires. Il a réitéré que son administration était prête à "négocier rapidement" un remplacement de New START, le traité plafonnant les forces nucléaires intercontinentales aux Etats-Unis et en Russie, qui doit expirer en 2026.

Le TNP, dont les parties examinent le fonctionnement tous les cinq ans, vise à empêcher la propagation des armes nucléaires, favoriser un désarmement complet et promouvoir la coopération pour l'utilisation pacifique de l’énergie nucléaire.

Mais lors de la dernière conférence d'examen en 2015, les parties n'avaient pas pu parvenir à un accord sur les questions de fond.

"Le monde ne peut pas être en sécurité tant qu'un pays aura des armes nucléaires", s'est inquiétée Beatrice Fihn, directrice exécutive de la Campagne internationale pour abolir les armes nucléaires (ICAN), présente à New York pour l'occasion.

(Avec AFP)