NETTALI.COM - À la  surprise générale, les deux plus grandes coalitions de l’opposition politique se sont alliées à la veille du dépôt de candidatures aux élections législatives du 31 juillet 2022. Selon Enquête, si le but était de renforcer les faiblesses de chaque formation dans des circonscriptions difficiles et d’imposer une cohabitation au président Macky Sall, la  tournure des derniers événements pourrait changer la donne dans les jours à venir.

Dans sa livraison de ce mercredi 22 juin, Enquête note de divergences sur la forme de lutte entre Wallu et Yewwi, qui sont alliées en direction des prochaines législatives.

D’abord, sur la forme de la lutte face au pouvoir.

Lors de leur rassemblement du 8 juin 2022, beaucoup de leaders de la première force de l’opposition au sortir des Locales ont annoncé qu’il n’y aura pas d’élections sans la participation de leur liste titulaire. Ils suivent cette logique en mettant la pression sur le pouvoir, à travers des manifestations dont la dernière, interdite, a débouché sur trois morts et l’interpellation de plusieurs manifestants et figures de l’opposition (les députés Déthié Fall et Mame Diarra Fam, de même que le maire de Guédiawaye Ahmet Aïdara). Dans une intervention sur les réseaux sociaux, Ousmane Sonko a précisé à ses partisans que la lutte se fera par la rue, comme l’avait fait un certain Macky Sall en 2012.

Au même moment, les leaders de la coalition Wallu Sénégal sont plus mesurés sur les appels à la résistance de leurs inter-coalisés. Lors d’un point de presse organisé hier, certains se sont démarqués de la ligne dure prônée par Yaw. À l’image du mandataire national de la coalition Wallu Sénégal, Mamadou Lamine Thiam.

Selon lui, “les Sénégalais ne doivent jamais se départir de l’idée qu’on ne peut changer un pouvoir que par les urnes. Ce qu’on est en train de voir est dangereux, avec l’idée d’une conquête du pouvoir par la rue. Il faut revenir à l’ordre démocratique. Les paradigmes ne doivent pas changer, après autant d’efforts fournis dans la lutte pour leur acquisition’’.

Le maire de Kébémer semble être loin de la ligne de conduite émise par le leader du Pastef qui, en annonçant une nouvelle manifestation le 29 juin prochain, a défié Macky Sall de l’arrêter ou de le liquider, s’il veut l’empêcher de manifester. Si la manifestation interdite du 17 juin a versé dans la confrontation, d’autres leaders de Wallu préviennent qu’ils ne sont pas dans la violence. “Nous sommes des responsables qui appelons à l’apaisement et qui souhaitons obtenir des gains, à l’image de ceux obtenus par Me Abdoulaye Wade. Nous appelons à la mobilisation des jeunes et des forces sociales pour préparer le 31 juillet. C’est le jour au cours duquel le peuple pourra se libérer.’’

En plus de la forme de protestation, Wallu Sénégal n’est pas d’accord avec l’idée d’un éventuel report des élections législatives. Si Yewwi Askan Wi ne s’est pas prononcée sur la question, c’est un scénario qui lui irait bien.

En effet, un report des élections signifie une reprise de tout le processus électoral et une remise des compteurs à zéro. Mais aussi une confirmation de la promesse faite par la coalition opposante qu’il n’y aura pas d’élections le 31 juillet 2022 sans sa liste nationale titulaire.

Mais pour les alliés de Mamadou Lamine Thiam, le message est clair : “Nous avons eu deux alternances politiques pacifiques. Cet héritage est en danger, car les libertés sont menacées. Nous appelons à la tenue d’élections libres et indépendantes’’, précise le mandataire nationale de Wallu Sénégal.

Les interpellations directes au président de la République sont-elles faites à un frère libéral ? Malgré leur collaboration affichée, les deux coalitions de l’opposition traînent des points de divergence qui, à un moment donné dans l’escalade de tensions entre Yewwi et le pouvoir, pourraient avoir raison d’une entente des plus surprenantes.