NETTALI.COM - Miné par les scandales, le Premier ministre britannique va devoir affronter une motion de défiance de son parti.

Le Premier ministre britannique Boris Johnson, affaibli par des mois de scandales sur les fêtes à Downing Street pendant les confinements, affrontera lundi soir un vote de défiance des députés du Parti conservateur.

 "Le seuil des 15% des parlementaires demandant un vote de confiance du chef du Parti conservateur a été dépassé", a annoncé dans un communiqué Graham Brady, président du comité 1922 chargé des questions d'organisation interne. Le vote aura lieu entre 18h et 20h locales (17h et 19h heure de Paris) et le résultat annoncé dans la foulée. Il fallait 54 lettres de députés pour déclencher ce vote. Le résultat devrait être connu aux alentours de 22h (heure de Paris).

Une occasion de "passer à autre chose"

"(Le vote) ce soir offre une occasion de mettre fin à des mois de spéculation et de permettre au gouvernement de tirer un trait et de passer à autre chose en répondant aux priorités de la population", a réagi le porte-parole de Boris Johnson dans un communiqué. "Le Premier ministre se félicite de l'occasion qui lui est donnée de présenter ses arguments aux députés et leur rappellera qu'il n'existe pas de force politique plus redoutable que quand ils sont unis et concentrés sur les questions qui comptent pour les électeurs."

Loin de mettre un point final au scandale qui plombe le gouvernement conservateur depuis six mois, la publication la semaine dernière d'un rapport administratif détaillant l'ampleur des violations des règles anti-Covid à Downing Street a suscité de nouveaux appels à la démission, annoncés au compte-gouttes. Boris Johnson, lui-même visé par une amende (du jamais vu pour un Premier ministre en exercice), a dit assumer "l'entière responsabilité de tout ce qui s'est passé" mais estimé devoir "continuer" son travail.

Le scandale, ainsi que la flambée des prix qui provoque une chute historique du pouvoir d'achat des ménages, a déjà fait chuter sa popularité, entraînant de lourds revers pour les conservateurs dans des élections locales début mai. Il s'est maintenu en mettant notamment en avant son rôle moteur dans la réponse occidentale à l'invasion russe de l'Ukraine. Il a pour l'instant été aussi favorisé par l'absence de successeur évident dans les rangs des conservateurs, au pouvoir depuis 12 ans au Royaume-Uni.

Un résultat incertain

Pour qu'une destitution soit possible, une majorité de députés conservateurs - soit 180 - doit voter contre Boris Johnson - un seuil que certains conservateurs considèrent difficile à atteindre. Si la majorité n'est pas atteinte, aucune motion de défiance ne pourra être présentée contre Boris Johnson pendant un an.

Sur les marchés financiers, une majorité des investisseurs semble miser sur un rejet de la motion de défiance: alors qu'elle a tendance à souffrir durant les périodes d'incertitude politique, la livre sterling s'appréciait de plus de 0,4% face au dollar comme face à l'euro à quelques heures du vote et à la Bourse de Londres, l'indice FTSE 100 progressait de 1,28%. Parmi les remplaçants potentiels au poste de Premier ministre, le bookmaker Ladbrokes a placé Jeremy Hunt favori, suivi par la ministre des Affaires étrangères Liz Truss.

D'autres ministres ont également pris la peine de souligner ce qu'ils décrivent comme les points forts de l'administration Johnson - affirmant que le déploiement rapide des vaccins contre le Covid-19 et la réponse de la Grande-Bretagne à l'invasion de l'Ukraine par la Russie ont prouvé que le Premier ministre pouvait prendre les "grandes décisions".

"Je le soutiens aujourd'hui et je continuerai à le soutenir alors que nous nous concentrons sur la croissance de l'économie, la lutte contre (la hausse) du coût de la vie et l'élimination des restes du COVID", a déclaré le ministre des finances Rishi Sunak sur Twitter.

(Avec AFP et Reuters)