NETTALI.COM - Le 134ème pèlerinage marial se tient, sous le thème de «L’amour familial, vocation et chemin de sainteté». Cette cérémonie religieuse de la chrétienté reprend ses activités, après deux années de pause due à la pandémie du Covid-19. Dans la cité de Popenguine qui abrite l’événement, l’effervescence se fait déjà ressentir. Ça bouge et grouille dans les coins et recoins de cette commune du département Mbour, où les familles insistent sur les gestes barrières. 

Ses rayons peinent à percer ce tapis poussiéreux teint d’un jaune orangé. Ils apparaissent comme voilés, provoquant une baisse de la luminosité sur la terre de Popenguine. Il fait malgré tout une chaleur étouffante. Le soleil, paré de rouge, la libère, accablante. Difficile de se déplacer à pieds sans suer à grosses gouttes. Malick ne fait que se sustenter d’un succulent riz au poisson rouge. Son visage dégouline de sueur. Accroupi sous un amas de friperie, l’écorce noire, la tête couverte d’un bonnet noir, ce marchand mange sur le pouce. Autour de lui, l’effervescence s’accentue. La place publique qui, dans quelques heures, va refuser du monde, accueille ses premiers hôtes essentiellement constitués de commerçants, d’opérateurs mobiles de transfert d’argent.

Pendant ce temps, les concessions attendent leurs invités. Les premiers fouleront le sol de la ville religieuse ce samedi. Fatou Sy piaffe d’impatience de les revoir. Encore que voilà deux années que Popenguine n’a pas reçu de pèlerin. Les deux années de pandémie de la Covid-19, les masques et la distanciation sociale avaient presque fini par arracher Popenguine de sa ferveur habituelle en période de pèlerinage marial. Elle se languissait de cette ambiance qui l’accompagne. Le sourire aux lèvres, la quinquagénaire soutient qu’elle va enfin revoir ses hôtes après deux années d’absence. «Je vais avoir des hôtes, les marcheurs viennent. Ils vont prendre leur bain ici avant de rejoindre le village des marcheurs», lance-t-elle, joyeuse. Dans sa tenue «marinière», «wax», bigarrée surmontée d’un châle marron, la dame à la peau claire a déjà pris toutes les dispositions idoines pour recevoir les excursionnistes. Elle a aussi fait le nécessaire afin de permettre aux commerçants qui viennent des localités environnantes pour écouler leurs produits de retrouver leurs espaces commerciaux habituels. A cet effet, elle a déjà assuré le nettoyage et le marquage avec une peinture blanche des espaces à occuper devant son domicile. «Il y a des marchands qui venaient chaque année occuper la devanture de la maison. Ils viennent de Popenguine-Ndayane, Popenguine-Sérène, Kignabo… J’ai préparé l’espace express pour eux, afin que les autres comprennent que l’espace est réservé», souligne-t-elle. L’hospitalité de Fatou Sy ne s’en limite pas là. Elle prépare aussi pour ses visiteurs le déjeuner durant deux jours : le dimanche et le lundi, jour de Pentecôte. Ceci, sans qu’ils aient à mettre la main à la poche. «Je prépare 10 Kg de riz chaque jour, (le samedi et le dimanche). Ensuite, je mets le repas dans plusieurs bols que nous allons servir aux marchands», poursuit-elle.

A cheval sur les gestes barrières

La 134ème édition du pèlerinage marial placée sous le thème de «L’amour familial, vocation et chemin de sainteté», se tient dans un contexte sanitaire particulier. Même si le taux de contamination national a baissé, le Sénégal continue d’enregistrer quelques nouveaux cas.

Consciente de la situation, Fatou Sy se dit très à cheval sur le dispositif sanitaire. «Je vais installer de l’eau javellisée à l’entrée de la maison afin que les gens se lavent les mains avant de franchir le seuil. Je vais aussi demander à mes enfants de nettoyer fréquemment les toilettes externes qui seront laissées aux pèlerins durant cette période», indique-t-elle.

Elisabeth Gomis Ndoye a préparé ses enfants à servir d’exemple à leurs hôtes. C’est parce que la sexagénaire ne badine pas avec l’infection respiratoire. «Même si le nombre de nouvelles contaminations a considérablement baissé, il demeure qu’on doit tous rester vigilants. J’ai dit à mes enfants de préparer un dispositif de lavage des mains, mais aussi de porter les masques, pour inciter nos invités à respecter les gestes barrières», confie-t-elle. Domicilié au quartier Thioupam, à quelques encablures du sanctuaire, Elisabeth, vêtue d’un léger boubou imprimé des figures bleu et blanc, se dit tout aussi ravie du retour de cet évènement religieux. «C’est une occasion pour nous de revoir nos amis et proches qui vivent dans des zones éloignées et de communier avec eux. L’idée de les revoir, d’être avec eux durant deux jours, me rend heureuse. J’avais hâte que le pèlerinage reprenne», poursuit la mère de famille. Pour Madame Ndoye, l’effectif de ses invités s’annonce élevé. «J’ai reçu des coups de fil de proches, d’amis et même de gens qui m’ont été recommandés. J’en accueillais déjà beaucoup au point de céder toutes nos chambres, mais après ces deux années de pause, je pense qu’il y en aura plus», présage-t-elle. Côté restauration, elle a déjà choisi les menus à leur présenter. «Ce sera du riz au poisson durant les deux jours au déjeuner et du couscous au dîner», dit-elle.

Le sanctuaire fait peau neuve

Tout comme elles, l’ambiance de pèlerinage avait aussi beaucoup manqué à Fatou Cissé. Assise sur un banc posé sur une des ruelles du quartier Tongore, la dame au physique replet, légèrement caché par une tenue «meulfeu» grise, prépare des emballages pour ses cacahuètes. Elle attend des fidèles qui doivent arriver aujourd’hui. Ils viennent de plusieurs coins du pays. Sébikotane, Dakar, Casamance… Malgré cet emballement qui se lit sur sa face et la promptitude de ses réponses, elle envisage de rester très prudente en raison de ce virus qui circule toujours. «Nous comptons respecter les mesures barrières. Je vais personnellement veiller à ce que tous les membres de la maison en fassent de même», dit la quadra. Elle compte aussi gâter ses invités, comme dans un passé récent où elle mettait sur feu, 6 à 7 grosses marmites pour des mets.

Au sanctuaire marial, l’heure est aux derniers réglages. Peinture, décoration, sonorisation…Tout se déroule dans une ambiance accompagnée de musique de louange. Le sanctuaire a fait peau neuve. Et jusqu’à hier soir, les ouvriers appuyés par de jeunes bénévoles, s’activaient encore pour rendre le lieu plus attrayant. Aux alentours du sanctuaire, les sapeurs pompiers ont déjà installé des tentes pour faciliter les secours. Au moment où les éléments de la gendarmerie, venus en nombre important, sont visibles à travers les artères de Popenguine. Ce temps de ferveur et d’adoration va se tenir dans le respect des gestes barrières guidés par le dispositif sanitaire mis en place par le ministère de la Santé et de l’Action sociale.