NETTALI.COM  - Le conflit armé dans le Sud du Sénégal n'est pas près de finir parce qu'il fait vivre beaucoup de gens. C'est du moins la conviction de Babacar Diouf. Le colonel de l'armée de l'air à la retraite était l'invité de la radio Sud fm.

Après plusieurs mois d'accalmie, la Casamance renoue avec la violence. L'armée y mène des opérations contre les bases du chef-rebelle Salif Sadio, avec des pertes humaines du côté des indépendantistes, mais aussi des militaires sénégalais. Une situation sur laquelle est revenu ce dimanche Babacar Diouf, colonel de l'armée de l'air à la retraite. Il était l'invité de l'émission Objection sur Sud fm.

"On peut être très cynique et dire que tant que le conflit casamançais nourrira plus de gens qu'il n'en tue, il va perdurer", a laissé entendre, catégorique, Colonel Babacar Diouf. Et d'expliquer : "Le premier objectif de toute organisation, c'est sa propre survie. Et quand on gère cette survie, ce qui se passe parfois, c'est qu'on vire vers une forme de criminalisation. On l'a vu avec les Farc (En Colombie, ndlr), pour avoir des ressources, on fait des trafics, on fait beaucoup de choses." "Quand des soldats sénégalais soient attaqués en Gambie par des gens qui prétendent avoir le monopole de la violence dans une partie du territoire, le Sénégal a le droit et le devoir de leur envoyer son armée. Parce que l'Etat est l'organisation qui a revendiqué avec succès le monopôle de la violence. Dans ce cadre, le Sénégal a tous les droits", souligne l'invité de Baye Oumar Gueye.

A l'en croire, si le Mouvement des forces démocratiques de la Casamance (Mfdc) existe, c'est parce qu'il a pu bénéficier de soutiens locaux, mais aussi des pays limitrophes. "C'est terrible parce que quand la Gambie chauffe, ce sont des Sénégalais qui y vont pour les aider, qui y laissent leur peau. En Guinée Bissau, c'est pareil. Et ces petites méfiances entre les Etats gênent la communauté que vous voulons former", regrette cet ancien aide de camp du président Abdou Diouf. Selon lui, pour trouver une solution au conflit casamançais, "il faut mener de concert la négociation et le déploiement des forces. Il faut aussi beaucoup de communication".

"Depuis quelques années, l'Etat fait énormément en Casamance malgré les erreurs qui ont été commises. Mais il y a toujours des durs à cuire qui, peut-être, ne se voient plus un avenir en Casamance et qui sont prêts à aller jusqu’au bout. S'ils sont prêts à le faire, l'Etat du Sénégal est encore plus prêt parce qu'il ne peut s'amuser à accepter un tel truc", a-t-il averti.