NETTALI.COM - La Conférence des leaders de la coalition Yewwi Askan Wiafait face àla presse, hier, pour sa première sortie après les élections départementales et municipales. Selon ses membres, le président de la République et sa coalition ont perdu, lors du dernier scrutin, la majorité qui leur a été consacrée en 2019.

Et si l’on avait tout faux dans la lecture des résultats des élections départementales et municipales du 23 janvier 2022 ? La Conférence des leaders de la coalition Yewwi Askan Wi (Yaw) en est persuadée. Hier, face à la presse, ces opposants ont relancé l’intérêt autour de ces joutes électorales gagnées dans la globalité par la coalition au pouvoir, Benno Bokk Yaakaar (BBY), avec 38 départements et 438 communes. Mais là n’est pas le véritable enseignement qu’il faut en tirer. Selon Déthié Fall, dans des propos repris par la livraison du jour de Enquête, si le président se glorifie d’un vote gagné en nombre de communes, la réalité du vote en termes de voix dit autre chose. “La coalition présidentielle a perdu la majorité absolue, passant de 58 % supposée en 2019 à 41 % en 2022 sur l’étendue du territoire national”. Une évidence qui montre que les suffrages exprimés en faveur du président Macky Sall ont reculé de 16 %, lors du scrutin. Avant la tenue des Locales, l’analyste politique et sécurité, Babacar Ndiaye, Directeur de la Recherche et des Publications du think tank Wathi, estimait que les enjeux de ces élections dépassent la sphère locale et qu’elles pourraient même déterminer la direction politique que prendra le pays lors des scrutins à suivre. De ce fait, Malick Gakou estime que ce scrutin remet “en cause toute perspective pour le président Macky Sall de forcer une candidature pour un troisième mandat à la tête du Sénégal”.

Dans un document présenté par vidéoprojecteur, Déthié Fall s’appuie sur des résultats combinés suivant les scrutins des villes, des départements et des communes. La coalition Yewwi Askan Wi a gagné les quatre villes dans lesquelles elle était engagée. Dans ces collectivités, “nous cumulons 237 678 voix (46 %) sur 518 047 exprimées, là où la coalition BBY a obtenu 136 447 voix (26 %)”, assure le mandataire nationale de Yaw, lors des élections de janvier dernier.

A la ville de Pikine, leur candidat a été invalidé par l’administration territoriale. Concernant les 46 départements, la coalition majeure de l’opposition n’a participé que dans 30 départements. Et dans ces circonscriptions, elle arrive en deuxième position “avec 28 % des voix, derrière Benno qui a gagné avec 40 % des suffrages exprimés”.

L’ancien de Rewmi a également évoqué une lettre, elle aussi projetée, que le président Macky Sall a envoyé au Sen de l’APR et dans laquelle il s’abstient de donner le pourcentage de voix obtenues par sa coalition. “S’il avait maintenu sa majorité, assure le député, il ne se serait pas gêné de mettre ce chiffre en vedette”.

BBY avec 41 % des voix, contre 24 % pour Yaw

Le résultat cumulé entre les suffrages obtenus dans les villes et les départements montre, selon les chiffres partagés par la Conférence des leaders de la coalition Yewwi Askan Wi, qu’au cours de ces élections, Benno Bokk Yaakaar a obtenu 41 % des voix, contre 24 % pour Yaw. S’il s’agissait d’un scrutin présidentiel, le candidat sortant serait contraint de disputer un second tour.

Une chute de l’électorat du président Macky Sall qui cache toutes les voix qu’auraient pu obtenir la coalition Yaw, si elle avait été investie dans toutes les circonscriptions du territoire national.

Si l’on prend en compte uniquement les résultats des collectivités où les deux coalitions majeures de cette élection sont présentes dans tous les bureaux de vote, en plus des autres, les chiffres projetés montrent que la coalition BBY a obtenu 37,42 %. Avec les 81 circonscriptions qu’elle a remportées, Yaw a atteint 31,84 %.

Alors que les élections législatives sont prévues dans un peu plus de quatre mois, une tendance pareille obligerait la coalition au pouvoir à une cohabitation à l’Assemblée nationale.

D’ailleurs, les préparatifs pour ce scrutin vont bon train, au sein de Yaw qui prévient déjà sur son opposition à l’application d’un système de parrainage adopté par le Code électoral pour l’élection des députés. Selon Cheikh Tidiane Dièye de la Plateforme Avenir Sénégal Bi Nu Beug, “nous n’accepterons pas que ce système soit un élément constitutif de l’élimination de listes de l’opposition. Sur le plan technique, politique ou légal, la décision d’appliquer le parrainage interdit par la Cour de justice de la CEDEAO est inacceptable”. Il ajoute que le rejet du parrainage, par le fait qu’il peut constituer un indicateur des intentions de vote de l’électeur et une raison pour le ministre de l’Intérieur d’opérer des manipulations sur le fichier électoral.