NETTALI.COM - Pendant plus d’une semaine, le scandale Miss Sénégal a déchaîné les passions. Au départ, c’était une sordide accusation de viol et de proxénétisme qui a abouti à une multitude de plaintes devant le procureur de la République. Après celle de Aminata Badiane pour diffamation, injures publiques, mise en danger de la vie d’autrui, contre Mamico, Kader Gadji et X, des organisations féminines, dans une synergie d’ensemble, avaient riposté en estant également en justice contre la présidente du comité Miss Sénégal, pour apologie du viol. Selon nos informations, le Procureur de la République a confié cette affaire à la Sûreté urbaine à qui toutes les plaintes ont été transmises.

La présidente du comité d'organisation de Miss Sénégal, Amina Badiane, avait saisi le Procureur d’une plainte contre Mamico, Kader Gadji et X alors qu’elle-même est visée par environ 200 plaintes déposées par des organisations de femmes. D’après nos informations, le procureur de la République sortant mais toujours en poste, Serigne Bassirou Guèye, a transmis une centaine de plaintes du collectif des femmes, ainsi que celles d’Amina Badiane à la Sûreté urbaine. A ces dossiers, il a d’ailleurs joint ses instructions aux limiers qui, pour l’heure, n’ont pas encore procédé à des convocations ou auditions.

Cette transmission du dossier à la Sûreté urbaine peut rassurer l’une des initiateurs du Collectif, Hourèye Thiam Preira. «Jusqu'à présent, nous n’avons pas eu de retour. Nous avions déposé plus de 300 plaintes à Dakar, sans compter celles dans les autres régions. D’ailleurs, nous étions même obligées de nous déplacer au greffe du tribunal, pour nous enquérir de la situation. On nous a signifié que les choses étaient toujours en l’état. Nous ne savons donc pas si nos plaintes sont recevables ou s’il y aura instruction», s’inquiétait-elle hier.

Le même sentiment habite les conseils d’Amina Badiane. «A ce stade de la procédure, nous n’avons toujours pas d’informations. Notre cliente n’a pas été convoquée pour être entendue depuis que nous avons déposé les plaintes auprès du Procureur», explique Me Pape Mamaye Diockou, avocat au Barreau de Paris. A l’en croire, «le Procureur n’a pas encore procédé à l’ouverture d’une information judiciaire. Mais, on ose espérer que le parquet va instruire les plaintes comme la loi le prévoit.» Pour Me Diockou, pas question d’évoquer des lenteurs administratives, «nous avons déposé une plainte, car le préjudice subi par notre cliente est énorme. Mais, nous ne pouvons pas encore affirmer qu’il n’y a pas de diligence au regard de la date à laquelle nous l’avons déposée. Il y a eu un changement dans la magistrature certes, mais il n’y a pas encore péril en la demeure».

Parallèlement aux plaintes déposées, le Collectif des femmes qui s’est attaché les services d’un avocat, compte dérouler son plan d’actions. C’est dans cette même veine qu’une marche pacifique est prévue le 19 décembre prochain. «Ce sera l’occasion pour nous de dénoncer l’apologie du viol, mais surtout pour lutter contre les violences faites aux femmes», assure la militante pour les Droits des femmes.

Cette affaire est partie des accusations de viol suivi de grossesse et de proxénétisme de Fatima Dione Miss Sénégal 2020 et de sa mère visant la responsable du Comité d’organisation de Miss Sénégal, Amina Badiane. Cette dernière avait répliqué avec des propos qui avaient enflammé les réseaux sociaux. «Si on te viole, c’est parce que tu l’auras voulu.» Malgré ses excuses, ses allégations ont choqué plus d’un. Une vague d’indignation s’était alors emparée de la toile et avait d’ailleurs poussé des associations de femmes à se regrouper autour d’un collectif, pour dénoncer cela. Ces femmes avaient ensuite joint l’acte à la parole.