NETTALI.COM- Invité de l'émission Jury du dimanche, Alioune Tine est revenu sur le conseil présidentiel sur l'emploi et la réinsertion professionnelle des jeunes. Le fondateur d’Africa Jom Center salue l'initiative puisqu'il y avait, selon son entendement, une rupture entre la jeunesse et le chef de l’Etat. Alioune Tine n'a pas aussi manqué de préconiser des solutions quant à la problématique.

" Je pense que l’initiative est bonne. Il y avait une véritable rupture entre le pouvoir et la jeunesse", a déclaré d'emblée Alioune Tine avant de camper le décor. " Je pense qu'au mois de juin dernier, avec les pirogues qui partaient pour l’Europe, il y a eu des centaines de morts sur les plages, les jeunes avaient demandé au pouvoir de décréter une journée de deuil. Le pouvoir ne l’avait pas fait et les jeunes, eux-mêmes, avaient décrété cette journée de deuil. Ensuite, on a vu les manifestations du mois de mars où les jeunes avaient été très massivement impliqués", rappelle-t-il en soulignant qu'avec cet état de fait, "la rupture entre les autorités étatiques et la jeunesse était nette". Par conséquent, il trouve qu'avec la rencontre, "le président de la République a fait de la métacommunication, une communication de rectification. "

Donc, analyse Alioune Tine, " c’était un rituel de reconnaissance mutuelle. Ils se sont assis et ils se sont expliqués. Je pense que pour une première étape, c’était nécessaire. C’est physique, c’est subjectif. Nous sommes presque 17 millions de Sénégalais et 60% ce sont des jeunes de moins de 25 ans, sans avenir, sans perspective. Certains préfèrent l’émigration suicidaire que de vivre l’enfer. Nous ne pouvons pas avoir des Etats et des sociétés qui fonctionnement en marginalisant, en excluant les jeunes. Ce n’est pas possible".

En outre par rapport aux solutions proposées lors du conseil présidentiel, le fondateur d’Africa Jom affiche un certain optimisme. " Il est évident qu’entre les promesses et leur application concrète, il y a une distance. D’habitude, ce qui peut créer de l’emploi ici, c’est le secteur privé. Malheureusement, le secteur privé est très sinistré. Donc, c’est une réflexion globale à la fois sur le secteur privé et sur les réponses. Donc, ce débat sur la question de l’emploi est un débat qui doit impliquer aussi le secteur privé, l’Etat et la jeunesse", exprime-t-il.

Les solutions de Alioune Tine pour l'emploi des jeunes

Quid de ses solutions à lui ? L'invité de JDD analyse d'abord les chiffres du gouvernement avec un certain doute. " 493 mille emplois ont été réalisés selon les chiffres du gouvernement entre 2012 et 2019, mais on se rend compte que c’est loin d’être suffisant. La preuve on annonce encore 443 mille emplois qu’il faudra créer, au moins 200 mille demandeurs d’emplois sont enregistrés chaque année selon les statistiques officielles" dit-il.

Par conséquent M. Tine estime qu'il " faut ensemble travailler, avoir des initiatives et avoir un débat le plus large possible". Concrètement, il propose la réforme de l’éducation et le développement de la formation professionnelle " pour que les gens soient autonomes et créent leur emploi". Il faut également, argue-t-il, " anticiper avec les nouvelles technologies. Il faudrait voir ce qu’on peut faire dans le domaine de l’économie durable".  Et d’ajouter pour le déplorer : " Nous avons toutes les conditions pour avoir la qualité de la vie, mais on nous pollue la vie. On ne profite pas de nos ressources. La plupart des gens qui vont en Europe, ce sont des gens qui ne peuvent plus vivre de la pêche. Les accords de pêche, on doit les revoir et en même, voir la manière dont certains pays ou entrepreneurs étrangers utilisent les Sénégalais. Mais le débat politique n’aborde jamais ces questions qui sont les questions du futur".

Poursuivant, Alioune Tine, fait remarquer que " tout le problème que nous avons-nous autres Africains, c’est la capacité d’avoir la main sur notre économie. C’est-à-dire de ne pas se faire dicter ce qu’ils doivent faire par rapport aux bailleurs de fonds". Ainsi, pour l’éviter, suggère-t-il, "il faut être uni".

De même indique-t-il, " réfléchir sur cette crise et trouver les marges de manœuvres qui vous permettent de mettre l’argent là où il faut. Il faut aller au-delà des slogans. Nous avons de très bonnes résolutions, nous avons un très bon discours mais, ça ne va pas au-delà. Cela demande une très grande réforme de notre administration. Nous ne faisons que copier les institutions françaises. Nous, non seulement c’est la sclérose, mais c’est aussi la corruption. Il faut avoir le courage d’appeler les choses par leur nom. La corruption est un véritable cancer. Ce n’est pas le Sénégal seulement. Quand dans les armées du Sahel vous voyez des détournements de fonds pendant des moments de guerre, vous vous dites, c’est grave".