NETTALI.COM - L’ex-présidente du Conseil économique, social et environnemental multiplie les actes de défiance envers le chef de l’Etat. Après avoir évité soigneusement de remercier ce dernier le jour de la passation de services au CESE, et enlevé la photo de Macky Sall de la couverture de sa page Facebook, elle vient de franchir la Ligne Maginot en se prononçant contre la 3e candidature, alors qu’une loi de l’omerta interdit aux membres de la majorité d’émettre leur opinion sur cette question.   

La limitation des mandats présidentiels est une donnée essentielle de la démocratie, rappelle Aminata Touré, lors d’une conférence virtuelle sur le sujet, organisée par le NDI (National Democratic Institute).

Citant en modèles des pays de sous-région ouest-africaine, comme le Cap-Vert,  la Mauritanie, le Libéria ou encore la Sierra Leone, Mimi Touré croit savoir que le respect de la Constitution est gage de stabilité. « Depuis 1990, relève l’ex-Premier ministre, il faut noter que 21 leaders ont sagement quitté le pouvoir dans 14 pays africains grâce à la disposition de la limitation de mandat. Ce qui prouve qu’il peut y avoir une vie paisible après la Présidence. La limitation des mandats est un moyen important de faciliter l’alternance au pouvoir sur le continent. Son respect est aussi, de nos jours, un moyen de quitter le pouvoir avec les honneurs. »

Se prononçant sur le cas spécifique du Sénégal, Aminata Touré, de but en blanc, déclare : « Le Président Macky Sall réélu le 24 février 2019 a affirmé à de nombreuses reprises qu’il effectuerait son second et dernier mandat notamment le 31 décembre 2018. Donc, au Sénégal, la question est derrière nous comme je l’ai déjà dit à diverses occasions ».

Précisant sa pensée, elle souligne : « Il faut dire qu’aujourd’hui, sur les 55 États membres de l’Union Africaine, 35 pays disposent de la clause de limitation de mandats. Les pays, à travers leur Peuple, se choisissent leur Constitution donc la question de la limitation des mandats s’analyse à l’aune des choix constitutionnels des pays (...), le Sénégal a modifié sa constitution limitant les mandats présidentiels à 2 consécutifs, et précisant en son article premier que : « La durée du mandat du président de la République est de cinq ans. Nul ne peut exercer plus de deux mandats consécutifs ».

« La limitation des mandats, dit-elle encore, permet des transitions politiques à des intervalles réguliers et prévisibles. Ce qui fait que les partis et les candidats rivaux n’ont pas vraiment de raison de recourir à des moyens détournés pour renverser le système à travers des manifestations violentes, la désobéissance civile et autres formes de manifestation de mécontentement public. Les dirigeants se sentent davantage motivés à produire des résultats pour laisser un héritage positif à leur successeur ou/et pour entrer dans l’Histoire avec grand H de leur pays. La limitation des mandats permet aussi de renouveler le leadership et encourage la montée d’une autre génération de dirigeants politiques, elle permet aussi l’apport de sang neuf et la possibilité de changements de politiques. »

Pour avoir défendu la même position, Moustapha Diakhaté, Sory kaba et Me Moussa Diop sont passés à la trappe. Que va-t-il advenir de Aminata Touré ?