CONTRIBUTION - Bonsoir chers collègues,

Je me permets d’intervenir pour apporter ma modeste contribution dans la réflexion engagée autour de ce qu’il convenu d’appeler “Affaire Teliko”. Sur cette question, je regrette que la chancellerie n’ait pas cru devoir engager une discussion avec l’UMS pour résoudre ce problème qui pourrait constituer une source de différend et d’incompréhension avec l’UMS. Je salue également toute la mobilisation développée au niveau des comités de ressort (Dakar, Thiès, Kaolack, Saint-Louis). Autant je salue cette mobilisation, autant je m’inscris en porte-à-faux avec les objectifs visés.

Pour ma part, je considère que le fait de commenter une décision de justice est une faute. Sur cette question notre serment de magistrat ci-après est suffisamment explicite. «Je jure de bien et loyalement remplir mes fonctions de magistrat, de les exercer en toute impartialité dans le respect de la Constitution et des lois de la République, de garder scrupuleusement le secret des délibérations et des votes, de ne prendre aucune position publique, de ne donner aucune consultation à titre privé sur les questions relevant de la compétence des juridictions (souligné par moi) et d’observer, en tout, la réserve, l’honneur et la dignité que ces fonctions imposent. »

Le statut précise, en outre, que le magistrat «ne peut, en aucun cas (souligné par moi) être relevé de ce serment ». Cependant, même si je pense, très sincèrement, que le président de l’UMS a commis un lapsus qui demeure une faute, il est nécessaire de développer des actions de solidarité afin qu’il ne soit pas l’agneau du sacrifice. Mais, il faut savoir, en tout, raison garder. Dans cette perspective la déclaration du comité de ressort de Dakar exagère sur les perspectives d’actions envisagée.

Chers collègues,

Ne nous laissons pas divertir par ce qui constitue, à mes yeux, d’un épiphénomène. Personnellement j’ai été frappé par une mesure identique. En effet, dans le cadre strict de la défense des intérêts des magistrats, j’ai été traduit devant le Conseil de Discipline. Mais le Garde des Sceaux, partie demanderesse, a été débouté de ses prétentions. Rien n’a été fait pour venir à mon “secours” alors que c’était lors des négociations UMS/gouvernement. OUI à la solidarité avec le président de l’UMS qui est mon ami et mon frère. Mais non à toute forme de surenchère. Pour ma part et de mon point de vue, aucune action d’envergure ne doit être engagée dans ce cadre. Il faudrait revenir à nos revendications fondamentales:

- la généralisation de la limite d’âge à 68 ans ;

-l’incorporation de l’indemnité de judicature dans les émoluments servant de base à la liquidation de la pension de retraite ;

- la réforme du CSM afin que :

- les magistrats élus y soient majoritaires ;

- qu’il y ait un appel à candidature pour les postes vacants ;

- qu’il y’ait des critères pour tout poste à pourvoir.

Toute autre voie serait suicidaire et insensée. Soyons réalistes et mettons le cap sur la lutte autour de l’indépendance de la magistrature. Très cordialement.

Aliou Niane est ancien président de l’UMS