NETTALI.COM - Ainsi donc, l'armée malienne s'est mutinée et a arrêté les grands dignitaires du pouvoir central dont le premier, concentration vivante du mécontentement populaire, Ibrahima Boubacar Keita jusqu'ici Chef de l'Etat, Président de la République, chef suprême des armées.

Une mutinerie donc partie de Kati vite devenue un coup d'Etat ayant entraîné la chute d'IBK longtemps voulue et réclamée par une forte mobilisation menée par l'Imam Dicko, figure emblématique et porte-voix d'un peuple meurtri et plusieurs années durant malmené par un chef presque ignare en gestion du pouvoir.

IBK a cédé du terrain aux rebelles touaregs, fui devant les jihadistes. Il s'est aplati devant les chasseurs dozzos qu'il a laissé dépecer une bonne partie de ses concitoyens sans défense, favorisant progressivement la naissance et la croissance exponentielle de nombre de milices d'auto-défense qui ont essaimé á travers ce qu'il lui restait de territoire libre.

Ce mardi,donc, IBK est tombé du fait, dit-on, de l'armée nationale, les FAMA qui, soit dit en passant, en profitent, le temps d'une rose, pour redorer leur blason.

C'est à ce moment que la presse occidentale, au service de qui on sait, entre en jeu pour accompagner l'effusion et la joie populaires. Et le vocabulaire, les expressions et même les présentateurs d'éditions spéciales à la voix délicieuse, soigneusement triés pour tenir la trappe, de se faire échos sur tous medias aptes à atteindre les maliens libérés.

Dans leurs chapeaux comme dans les reportages, il sera question d'homme fort, de comité de salut national qui s'entendra tracer son agenda depuis Paris, par la voix des ondes. Il s'agit, en clair, de régenter le pouvoir curieusement exempt du sceau Dicko, le temps de donner à la classe politique, la même située de part et d'autre, la latitude de s'organiser et d'organiser des élections anticipées et multimodales. Ce service rendu au peuple, les militaires, torse bombé, vont regagner les casernes. Ils l'ont servi, le peuple qui n'avait qu'un seul et unique but, sur des semaines de marche et de manifestation: éjecter de son fauteuil moelleux IBK. Quid de l'Imam? Il peut retrouver ses minarets puisque sa mission a été merveilleusement bien accomplie par l'armée. Il n'aurait pas le temps de les alerter et de leur dire: ce n'était pas cela que nous voulions!

Conscients ou inconscients, les soldats qui ont arrêté, ce jour, IBK ont rendu service à la France et au club des chefs d'Etat tri-mandataires de la CEDEAO. Le peuple n'a vu que du feu. Le peuple, derrière l'Imam Dicko cherchait tout autre chose: un changement radical, pas celui qui a comme équivalent sémantique la révolution. Ils ont voulu un changement en profondeur qui restitue au Mali son territoire en entier. Ce qui signifierait la fin de la rébellion, l'arrêt du jihadisme et le désarmement suivi de la démobilisation des milices dont les responsables de crimes de tous ordres seraient jugés. C'est ça que le peuple malien voulait, a voulu et continue de vouloir encore dans son for intérieur, quoique...

L'armée, en parfaite intelligence avec les protagonistes de ce faux vrai cirque, sur le dos du peuple grugé de sa victoire à portée de main, a reçu l'ordre de faire tout autre chose, pour le compte de ses bourreaux de toujours qui demeurent ceux d'aujourd'hui et de demain. Et la spirale de la gestion du pouvoir façon tropicale de reprendre de plus bel.

Dr. Moussa Mamadel Diallo.