NETTALI.COM - Pendant le confinement, certains ont décidé de changer de vie, de carrière, de conjoint... Nicolas Sarkozy, confiné dans sa résidence du Cap Nègre, lui, a entamé la rédaction de ses mémoires. Dans un livre surprise de 523 pages, intitulé Le Temps des Tempêtes (Editions de l'Observatoire), publié en librairie le 24 juillet, le "retraité" de la vie publique relate ses souvenirs politiques, mais aussi personnels, depuis son premier jour à la tête du pays, le 16 mai 2017, jusqu'à la crise économique de 2008 (la suite fera l'objet d'un second tome).   L'ancien président de la République y raconte aussi bien les coulisses des négociations diplomatiques que sa vie intime - son divorce puis son remariage -, concède certaines erreurs, justifie beaucoup de décisions, et égratigne au passage nombre d'adversaires. Morceaux choisis : 

L'"erreur" (de forme) du discours de Dakar

Dans son livre, Nicolas Sarkozy revient également sur son discours prononcé à Dakar (Sénégal), en juillet 2007. A l'époque, une phrase du nouveau président avait créé une vive polémique : "La colonisation fut une faute mais le drame de l'Afrique vient aussi de l'Afrique... L'homme africain n'est pas assez entré dans l'histoire."

Nicolas Sarkozy assume l'idée générale. "Sur le fond, je n'ai à renier", écrit-il. "Je crois encore aujourd'hui que l'Afrique a une part de responsabilité dans son propre malheur."

Politiquement, en revanche, Nicolas Sarkozy, raconte avoir été surpris par la polémique, et confesse une "erreur". "Je dois reconnaître que je suis rentré tout seul dans le piège politique où mes adversaires souhaitaient me voir tomber", raconte-t-il. "Ai-je trop voulu en dire ? L'ai-je dit trop franchement, ou trop brutalement, ou les deux à la fois ? (...) C'était une erreur. Comment le contester ?"

Il conclut : "Je le regrette d'autant plus que j'aime profondément l'Afrique et les Africains."

L'"avertissement" à Dominique Strauss-Kahn :

 "J'ignorais tout de sa vie privée et de ses pratiques" précise d'emblée l'ancien président, au sujet de Dominique Strauss-Kahn, à qui il consacre quatre pages. Nommé par ses soins, et à la demande de l'intéressé, président du Fonds monétaire international (FMI), Nicolas Sarkozy raconte qu'il avait adressé au socialiste un "premier avertissement sérieux" suite à la révélation de sa liaison avec une économiste hongroise, qui avait choqué aux Etats-Unis.

"Je le reçus à cette occasion à l'Elysée. Non pour lui faire la morale (...) mais pour lui dire qu'il devait prendre garde, car il n'aurait pas de seconde chance, et qu'il allait finir par tous nous pénaliser. Sa réponse fut sans ambiguïté : "Je te le garantis. J'ai fait une erreur... J'en ai fini avec mes conneries", lui répond DSK.

Nicolas Sarkozy regrette-t-il cette nomination ? "Si c'était à refaire, je ne le referais pas. Mais comment aurais-je pu prévoir un tel enchaînement, cette chute qui ne peut, au fond, que s'apparenter à un 'suicide' inconscient ?"

La mise en garde à Emmanuel Macron au sujet de François Bayrou

 Dans son ouvrage, Nicolas Sarkozy dresse un portrait peu élogieux du maire de Pau. "J'avoue avoir ressenti une réelle difficulté avec l'idée visiblement flatteuse qu'il a de lui-même", relate-t-il au sujet de son rival centriste à la présidentielle de 2007. "Je me suis toujours demandé ce qui lui faisait s'imaginer que ses avis étaient à ce point précieux", grince l'ancien locataire de l'Elysée. Sous sa plume, François Bayrou est décrit comme un homme "persuadé d'être le prochain président de la République". "Il y avait malgré tout quelque chose d'émouvant à constater un si profond manque de réalisme", ironise Nicolas Sarkozy. "Il y a du Ségolène Royal dans François Bayrou", glisse celui chez qui la référence à la socialiste n'est pas un compliment.