NETTALI.COM - Relevée de ses fonctions depuis le 23 octobre 2019, Yandé Ndiaye, Mme le Consul général à Marseille, qui attend la passation de services, a été attraite à la barre du tribunal de grande instance de Marseille par des employés de la représentation diplomatique sénégalaise.

Yandé Ndiaye a officiellement quitté le Consulat général du Sénégal à Marseille – même si elle est encore en poste, en attendant l’installation de son remplaçant – mais la clameur escorte outrageusement sa gestion. Celle que l’on surnommait la «Dame de fer», va laisser derrière elle des relations des plus scabreuses avec certains des employés avec qui elle partageait le 171 Rue de Rome, à Marseille. Une situation qui s’est même invitée au prétoire du conseil de Prud’homme du tribunal de grande instance de Marseille où ses (ex)employés l’ont traînée via une plainte. Dans laquelle, les agents déversent leur misère, expliquant comment leur boss a sabré leur salaire en leur coupant leurs indemnités. L’affaire renvoyée plusieurs fois, a finalement été retenue le mardi 12 novembre dernier, à 14 heures. Le délibéré est pour le 12 février 2020.

Lors de l’audience, le supposé comportement de la désormais ex-consul a été longuement débattu à la barre. La partie plaignante, représentée par Me Daviau, est revenue sur comment Yandé imposait la «dictature» à ses employés. Entre «règlement  de compte»,  «coupure des salaires en guise de punition», «demandes d’explication», «blâme» et «mise à pied sans solde à l’infinie», les recrues disent avoir vécu des moments pénibles. Face à cette situation, sacré coup à leurs finances, ils étaient constamment sous la menace d’expulsion, pour des dettes locatives et autres. Pis, par courriers, des huissiers juraient de saisir leurs salaires dans les comptes bancaires. Ne pouvant plus faire face à une telle situation, ces pères et mères de familles ont saisi qui de droit.

Le jour du procès, l’avocat du Consulat est venu avec le représentant de l’Agence Judiciaire de l’État (Aje) du Sénégal. Alors que l’audience commençait à 14 heures, la robe noire a indiqué qu’elle allait soulever l’irrecevabilité des conclusions de l’avocate des agents du consul. Une irrecevabilité qu’elle brandit sous prétexte que l’Etat du Sénégal n’était pas partie à la procédure. Pourtant, lorsque l’avocate des plaignants a saisi le Conseil de Prud’hommes, le Greffe lui a expliqué qu’il allait convoquer l’Etat du Sénégal aux côtés du Consulat Général. Le code de procédure civile dit, selon un juriste proche du dossier, que seul le Procureur est compétent pour convoquer un Etat étranger devant les juridictions françaises. Face à cette posture de l’avocat de plaider l’irrecevabilité, le Greffier montrera que l’État du Sénégal est bel et bien une partie au procès. Après vérification, il confirme qu’il avait demandé au Procureur de faire le nécessaire pour faire comparaître l’État du Sénégal.

Prime supprimée parce qu’il y avait trop d’employés

Cet obstacle levé, les débats ont été ouverts. Les deux parties ont, de part et d’autre, plaidé leur cause. Dans une audience houleuse et mouvementée, chaque partie a, apprend-on, tenté de sauver son client. «J’ai senti un agacement des juges sur la position de l’avocat du consul qui consiste quasiment à dire que le versement de cette prime est une erreur qui proviendrait d’un salarié qui aurait mentionné cette prime sur les bulletins de salaire !» D’ailleurs, l’avocate des plaignants a laissé exploser sa rage. Estimant qu’un tel argument n’était pas crédible, la robe noire crachera : «On se moque de moi, de vous et du Tribunal.» Puis, aux attaques contre ses clients consistant à dire que «si les plaignants avaient des  problèmes financiers, suite à la suppression de cette prime, ils n’avaient qu’à réagir  en s’adaptant à leurs situations», la robe noire apportera une très salée réplique. Le Consul, par l’intermédiaire de son avocat, va tenter de justifier la suppression de cette prime par le fait qu’il y avait trop d’employés au Consulat par rapport à son activité, qu’il n’y avait plus assez de financement. Non sans préciser que les concernés étaient informés depuis longtemps de la suppression de cette prime lors de nombreuses réunions. Après ce bras de fer serré entre les deux parties, la décision du tribunal est la plus attendue. Va-t-elle rétablir les employés dans leur droit ou confirmera-t-elle le Consul général ? On le saura l’année prochaine, précisément le 12 février 2020.